Monsieur le député, vous l’avez rappelé, notre pays, comme beaucoup d’autres, fait face à une menace terroriste sans précédent. Mais, au-delà, il est confronté à un autre défi : celui de la radicalisation, même si ce mot embrasse sans doute trop de concepts. C’est un fléau, qui mène parfois directement à la violence et au terrorisme.
L’État est mobilisé depuis plusieurs années pour lutter contre les filières djihadistes et contre cette radicalisation. Au cours des quatre dernières années, le Gouvernement s’est donné les moyens juridiques et budgétaires de combattre le terrorisme. Depuis 2012, cinq lois majeures et structurantes pour la politique antiterroriste ont été adoptées par le Parlement et le projet de loi relatif à la procédure pénale devrait bientôt être également adopté – la commission mixte paritaire se réunira demain.
Un plan ambitieux a été présenté par le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, qui se trouve actuellement au Sénat pour présenter la prolongation de l’état d’urgence. Dès 2014, des mesures concrètes ont été mises en oeuvre – numéro vert pour le signalement des personnes radicalisées, lancement de la campagne « Stop djihadisme », interdiction de sortie du territoire et blocage administratif des sites internet faisant l’apologie du terrorisme – mais, face à l’ampleur des phénomènes auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés, il est apparu nécessaire de consolider et d’amplifier notre réponse au terrorisme et à la radicalisation. Je veux rappeler une nouvelle fois que plus de 2 000 personnes sont impliquées dans les filières djihadistes syro-irakiennes et près de 9 300 signalées au titre de leur radicalisation.
C’est la raison pour laquelle le comité interministériel pour la prévention de la délinquance et de la radicalisation s’est réuni pour la première fois, hier, à mon initiative. La lutte contre la radicalisation ne concerne pas que les ministères régaliens : elle doit devenir une politique publique à part entière, mobilisant tous les pans de l’action publique et associant l’ensemble des partenaires de l’État – je pense, bien sûr, aux collectivités territoriales, conseils départementaux et municipalités, qui sont en première ligne sur ce sujet et dont certains ont déjà pris des initiatives en la matière.
Face à un phénomène qui s’annonce durable, le plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme que j’ai présenté hier a l’ambition d’établir une stratégie globale et cohérente. Les ministres qui ont en charge cette stratégie sont à la disposition du Parlement pour exposer notamment, parmi les quatre-vingts mesures présentées hier, les cinquante mesures nouvelles qui ont été annoncées. Nous nous sommes, par ailleurs, appuyés aussi sur les travaux parlementaires.
Voilà, monsieur le député, cette mobilisation qui concerne l’éducation, les travailleurs sociaux, les collectivités territoriales et la culture – car, au fond, il s’agit bien de valeurs qu’il faut défendre.