Troisième question : comment numériser ?
Le souci de la conduite du changement doit constamment animer les maîtres d'ouvrage de la conversion numérique de l'État. Cette méthode est un préalable et elle impose, selon M. Albouy, chargé de mission auprès de la DINSIC (Direction interministérielle du numérique et du système d'information et de communication), deux axes de travail concrets : l'accompagnement de la transformation numérique par les ressources humaines – ce qui inclut la revalorisation des métiers et le développement de l'interministérialité – et la recherche d'experts en gestion de données et en ergonomie. C'est un chantier de ressources humaines important, car il s'agit d'adapter les compétences des agents et d'offrir la possibilité à ceux qui le souhaitent d'occuper d'autres fonctions, ce qui suppose un investissement très important dans la formation.
Huitième condition de réussite, donc : mieux programmer les moyens humains et techniques. Le poids du numérique dans les dépenses totales du budget de l'État est d'environ 1,5 %, selon le DINSIC, M. Henri Verdier. L'effort gouvernemental est donc substantiel. Il permet d'ailleurs d'enclencher certaines transformations, comme le plan « Préfectures nouvelle génération ». Mais nous approuvons l'observation de la Cour des comptes selon laquelle ces montants sont insuffisants pour accélérer la généralisation des services publics numériques.
Nous estimons en effet que le niveau actuel des investissements pose question, notamment en ce qui concerne le renforcement du fonds ad hoc du PIA. Mais ces investissements doivent surtout être rationalisés grâce à l'identification de gisements d'économies et au suivi attentif des projets, dont il convient d'améliorer le phasage en s'attachant à doter les services de nouveaux matériels adaptés au déploiement des nouveaux téléservices et en organisant les formations correspondantes. Il faut également veiller à ce que les matériels fournis soient adaptés aux besoins en s'assurant, par exemple, que, lorsqu'un double écran est nécessaire, ces deux écrans soient compatibles entre eux, ce qui n'est pas toujours le cas.
Enfin, en ce qui concerne la sécurité des données – condition essentielle du développement du numérique –, l'État doit conserver en son sein un socle de compétences en matière de sécurité des systèmes d'information afin de ne pas dépendre de prestataires extérieurs. Nous avons en effet constaté que l'État avait externalisé, en matière de numérique au sens large et de télécommunications, un certain nombre de compétences qu'il est nécessaire de réintégrer de façon à ce que la transformation numérique soit efficiente et au service de tous.