En préambule, je veux saluer les progrès importants qui ont été réalisés, au cours de cette législature, en matière de simplification et de modernisation, grâce à l'action du SGMAP et de Thierry Mandon. Le programme « Dites-le nous une fois » en est un exemple. Toutefois, si nous voulons réussir la modernisation numérique de l'État et faire progresser l'ensemble de la société, il nous faut absolument résoudre le problème de la couverture numérique du territoire et celui de l'accompagnement humain.
On parle beaucoup de déserts médicaux ou de la disparition des services publics dans le secteur rural. Il me paraîtrait intéressant, dans ce contexte, de créer des maisons de service public virtuelles, telles que celle que j'ai essayé de mettre en place en tant qu'élue locale. Ainsi les usagers pourraient rencontrer, par écran interposé, un agent de Pôle emploi, de la préfecture ou du Crédit agricole. De telles structures nécessitent l'établissement d'un véritable partenariat entre l'État, les collectivités locales, le secteur privé, voire le secteur médical. J'ai en effet visité récemment une maison de retraite très innovante qui a créé un service de télémédecine qui évite aux personnes de se déplacer, notamment la nuit.
Enfin, je veux insister sur deux points. Tout d'abord, la modernisation ne pourra se faire si elle n'est pas perçue positivement par nos concitoyens. Or, le mouvement Emmaüs, dont je suis assez proche, appelle notre attention sur la fracture croissante entre les plus précaires et les autres. Ce serait donc une bonne chose que des moyens publics soient alloués à ces communautés pour les aider à partager le savoir et à accompagner les personnes en situation précaire. Ensuite, et je me tourne vers le président de l'Assemblée nationale, je m'interroge sur la situation de la démocratie face à l'inondation numérique que nous subissons. En tant que parlementaire, pour éviter de me retrouver, chaque dimanche soir, avec 1 000 mails en attente de réponse, je suis obligée d'employer une collaboratrice à temps plein pour s'en occuper. Mais, si elle doit s'absenter, il m'arrive de passer à côté d'éléments très importants. Il s'agit donc d'un véritable problème démocratique, qui touche du reste à différents domaines, y compris au lobbying. Faisons donc attention à l'utilisation abusive du numérique ! L'Assemblée nationale gagnerait à se poser les bonnes questions en la matière, car, lorsque je compare la situation actuelle à celle qui prévalait il y a quinze ans, j'ai le sentiment – c'est triste à dire – que la démocratie était paradoxalement plus vivante sans le numérique.