Intervention de Nicolas Brun

Réunion du 6 avril 2016 à 16h15
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Nicolas Brun, président d'honneur du CISS :

Clairement non. De nombreux rapports ont montré les difficultés des aidants, l'épuisement qu'engendre l'HAD et les difficultés pour ces aidants de reconnaître cet épuisement. Lorsqu'on leur propose un soutien psychologique, auquel ils ont droit, la réponse est souvent négative – seul le patient serait concerné –, mais lorsqu'on suggère que le psychologue du service d'HAD les appelle, la réponse est souvent positive. L'aidant se sent à la fois investi d'une responsabilité parfois démesurée, et démuni face à des cas complexes ou des pathologies lourdes, pouvant concerner également des enfants.

Il faut également faire un travail d'accompagnement à propos de ce que l'on va demander aux aidants : même si les infirmières, les aides-soignants et les professionnels passent régulièrement au domicile, une partie de la responsabilité au quotidien est transférée à l'aidant, notamment lorsque le patient est tombé ou veut changer de place et que l'on ne peut attendre le passage du soir. Il y a un accompagnement et des formations à faire pour permettre à l'aidant de réaliser ces actes nécessaires dans une prise en charge en HAD.

Il est très positif que l'article 1er de la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé mentionne le rôle des aidants familiaux, mais il va falloir concrétiser cela dans une dimension plus importante. Si on veut développer l'HAD, il va falloir développer l'accompagnement et le soutien aux aidants pour offrir un service qui ne soit pas dégradé.

Le rapport de la Cour des comptes insiste sur les économies liées à l'HAD, qui sont présumées plus que démontrées. Pourtant, il ne faut pas que les patients aient le sentiment que c'est une solution d'économies, mais que l'HAD répond à un besoin et offre bien un service de qualité, y compris continuer à vivre dans son environnement quotidien. Un discours axé sur les économies potentielles ou sur la baisse de la durée des hospitalisations – et cette problématique est la même dans le cadre du développement de la télémédecine –, risque d'amener les patients à voir l'HAD comme une offre de soins dégradée.

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