Intervention de Dr Jean-Paul Hamon

Réunion du 6 avril 2016 à 16h15
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Dr Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF :

Je ne répondrai à aucune de ces trois questions parce que, dans le programme de la FMF, il est écrit clairement qu'il faut définir le rôle de chacun, le rôle de l'hôpital et des médecins libéraux.

La FMF veut que les hôpitaux aient les moyens de fonctionner correctement à l'intérieur de l'hôpital, et que l'hôpital cesse de sortir de ses murs, de façon que les médecins libéraux, les infirmières et les kinésithérapeutes libéraux aient les moyens d'accueillir correctement les patients et d'empêcher qu'ils aillent, justement, à l'hôpital, et que les hôpitaux soient dans leur vrai rôle qui est l'hospitalisation.

Nous voulons clairement que soit supprimée l'hospitalisation à domicile, de la même façon que nous voulons que soient modifiés les SAMU. Dans les zones urbaines qui sont à moins de vingt minutes d'un centre d'urgence, les SAMU n'ont qu'à se comporter comme dans les autres pays européens, c'est-à-dire transporter les patients. Les événements du 13 novembre l'ont clairement démontré : les SAMU n'ont gardé aucun patient sur place, ils les ont transportés à l'hôpital et en faisant cela en moins de vingt minutes, ils ont sauvé des vies – alors que le but initial était de faire en sorte que les équipes ne se fassent pas tirer dessus.

Si l'on ose toucher à ces deux dogmes-là, si l'hôpital ne sort plus de ses murs et que les médecins, les infirmières et les kinésithérapeutes libéraux ont les moyens d'accueillir les patients, on changera les mentalités, on sera en passe de régler le déficit et de faire en sorte que chacun trouve du bonheur dans son rôle.

Au moment de la canicule, en 2003, s'est tenue une réunion au ministère du travail avec 150 administratifs et 3 médecins libéraux – comme c'est habituellement le cas. Les médecins libéraux, trois médecins généralistes de syndicats différents, ont dit qu'ils n'avaient pas besoin de journées d'hospitalisation à domicile ni d'équipes de gériatrie avancée, mais d'une aide-soignante à domicile pour faire boire la personne, lui faire prendre une douche, l'alimenter et alerter le médecin si nécessaire. Le problème n'était pas de repeindre en plaqué or les urgences de M. Pelloux, mais d'éviter qu'on y arrive avec 42 degrés de température corporelle. C'est cela, la vraie prévention.

Donc, si l'on a les moyens de maintenir à domicile les personnes âgées, dépendantes ou fragiles, et de faire de la prévention, on change radicalement les mentalités et on arrête de dire que c'est à l'hôpital de faire le travail que ces « incapables » de libéraux ne savent pas faire.

L'hospitalisation à domicile coûte, me semble-t-il, 900 millions d'euros par an, et le coût moyen de journée est de 194 euros. Or, lors d'une grande discussion à la CNAM avec 48 syndicats, il a été dit que pour prendre en charge un hémiplégique qui nécessite pas moins de cinq ou six professions – médecin, kinésithérapeute, infirmière, pharmacien, orthophoniste, équipementier – on allait percevoir environ 150 euros par an – au prix d'une évaluation féroce. Si c'est cela la revalorisation prévue pour maintenir des gens à domicile, non !

Permettons à l'hôpital de communiquer directement avec la ville, faisons en sorte que le médecin soit prévenu au moins 24 heures à l'avance que l'on envisage d'en faire sortir tel ou tel patient. Cela permettra de s'organiser, dans la mesure où l'on dispose de moyens suffisants, avec l'infirmière, le kinésithérapeute, le médecin et l'aide-soignante, et pas uniquement au sein d'un service de soins infirmiers à domicile (SSIAD). En effet, ces structures travaillent cinq jours par semaine ; le samedi et le dimanche, on se trouve coincé, et cela coûte cher. On est alors obligé d'hospitaliser le patient parce que personne ne peut s'en charger, y compris dans les maisons de retraite. Celles-ci emploient du personnel intérimaire qui n'a pas l'habitude de la personne âgée et la fait hospitaliser. Elle se retrouve souvent aux urgences hospitalières, ce qui coûte cher à la collectivité.

Voilà le point de vue de la FMF : que l'hôpital cesse de sortir de ses murs, que les libéraux aient les moyens d'accueillir correctement les patients, et que l'on améliore la communication. Je pense qu'on pourrait tous y gagner. Mme Touraine a exigé que les patients sortent de l'hôpital avec un courrier. L'avantage d'être installé depuis quarante-trois ans, c'est que j'avais entendu Mme Simone Veil dire la même chose en 1975 ! Mais depuis cette date, rien n'a été fait.

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