Intervention de Jean-Pierre Kieffer

Réunion du 27 avril 2016 à 18h00
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Jean-Pierre Kieffer, président de l'Œuvre d'assistance aux bêtes d'abattoir, OABA :

Lorsqu'ils ont découvert la vidéo de l'abattoir d'Alès, certains responsables du ministère de l'agriculture et des professionnels ont soutenu qu'il s'agissait d'un cas isolé. Malheureusement, deux autres vidéos ont montré que des pratiques encore plus cruelles avaient lieu dans d'autres abattoirs.

Le ministre de l'agriculture a indiqué qu'au cours de l'année 2014, sur les deux cent cinquante abattoirs, cent quatre avaient fait l'objet d'un avertissement, soixante d'une mise en demeure et deux d'une suspension d'agrément. Autrement dit, moins de 35 % seulement ont échappé à tout reproche, ce qui a de quoi inquiéter.

J'aimerais revenir à la vidéosurveillance, qui me paraît très importante. Bien sûr, l'installation de tels dispositifs pose des questions en matière de droit du travail et de protection des salariés. Toutefois, elle est le seul moyen de garantir une surveillance continue, car il est impossible pour les services vétérinaires et les associations de protection animale de l'exercer. Et quand bien même un vétérinaire inspecteur serait est présent en permanence sur le poste d'abattage, il est en blouse blanche, à visage découvert, au vu et au su de tous ; or si les caméras cachées de L214 ont pu mettre au jour des pratiques inacceptables, c'est parce que le personnel ne se savait pas surveillé. Pour empêcher que des situations aussi dramatiques ne se reproduisent, la vidéosurveillance s'impose. Elle permettra en outre d'assurer la sécurité du personnel. Le pistolet d'abattage de type Matador, par exemple, est d'un maniement très dangereux : la tige métallique que l'explosion d'une cartouche fait sortir du fût pour pénétrer dans la boîte crânienne de l'animal peut tout aussi bien arracher une main. Il en va de même pour la pince à électronarcose. Je vous transmettrai un document relatif à la vidéosurveillance au Royaume-Uni.

Pour ce qui est de l'évaluation et la quantification des dysfonctionnements, le problème est que les grilles d'appréciation sont très succinctes et ne sont remplies que tous les deux ans. Elles ne permettent pas une surveillance adaptée.

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