Intervention de Jean-Pierre Kieffer

Réunion du 27 avril 2016 à 18h00
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Jean-Pierre Kieffer, président de l'Œuvre d'assistance aux bêtes d'abattoir, OABA :

S'agissant de nos liens avec les instituts scientifiques, je soulignerai que nous collaborons avec l'ANSES, qui nous a consultés plusieurs fois sur des questions relatives à l'abattage. Un groupe de travail consacré à la perte de conscience des porcs va débuter ses travaux la semaine prochaine. La perte de conscience est une question essentielle. S'il n'y a pas de procédures de vérification, si l'abattoir n'adapte pas sa cadence en fonction de l'étourdissement de chaque animal, les problèmes comme ceux montrés dans les vidéos ne peuvent manquer de se produire.

Venons-en à présent à l'abattage dit « rituel ». Nous préférons parler d'abattage avec ou sans étourdissement, car il existe des abattages rituels qui se font avec étourdissement – tout le monde connaît l'exemple de l'abattoir de Sisteron, spécialisé dans les ovins. Par ailleurs, on observe une dérive dans certains abattoirs qui pratiquent l'abattage sans étourdissement aux bêtes non spécifiquement destinées à la consommation halal ou casher, car il apparaît plus simple de n'utiliser qu'une seule chaîne et une seule procédure pour tous les animaux à abattre. Au-delà de cette généralisation de la souffrance animale, il y a une tromperie du consommateur qui consomme sans le savoir – et surtout sans le vouloir – de la viande provenant d'animaux abattus sans étourdissement.

On ne peut nier la souffrance animale lorsqu'on ne pratique pas l'étourdissement. Assister à un abattage sans étourdissement, surtout lorsqu'il s'agit d'une vache laitière, qui mettra beaucoup plus de temps qu'un gros Charolais à mourir après un égorgement à vif provoque un choc à vie : la gorge tranchée – peau, muscles, oesophage, trachée entaillée –, donc à moitié décapité, l'animal tombe, se relève, retombe, se relève, pousse des cris cependant que l'air qui passe fait des bulles dans le sang. C'est une image atroce.

L'abattage sans étourdissement, rituel ou pas, est pour nous inacceptable au XXIe siècle. Obtenir à travers une réglementation ou une loi l'extension de l'obligation de l'étourdissement avant la saignée serait une grande avancée. Il existe des méthodes d'étourdissement réversibles, acceptées par un grand nombre de chefs religieux. La Nouvelle-Zélande ou l'Australie produisent de la viande certifiée halal provenant d'animaux préalablement étourdis.

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