Intervention de Frédéric Freund

Réunion du 27 avril 2016 à 18h00
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Frédéric Freund, directeur de l'OABA :

Vous nous avez demandé, madame Le Loch, quels types d'abattoirs ouvraient leurs portes à l'OABA : ce sont des abattoirs à financement public. Les abattoirs de grands groupes comme le groupe Bigard-Charal-Socopa, depuis la diffusion en 2012 du reportage d'Envoyé spécial, nous ont clairement fait comprendre que nous n'étions plus les bienvenus même si certains directeurs, des fortes têtes, dérogent à cet ordre général et acceptent nos visites, estimant qu'ils n'ont rien à se reprocher. Nous constatons que nous avons moins de mal à entrer dans des abattoirs de porcs que dans des abattoirs de ruminants pratiquant l'abattage rituel – bizarre, bizarre… Et quand nous sommes autorisés à entrer dans ces derniers, il est demandé à nos délégués de venir vers sept heures et demie ou huit heures, lorsque les opérations d'abattage rituel sont achevées – bizarre, bizarre !

S'agissant du plan d'investissement pour les abattoirs, notons que, pour répondre aux exigences du « paquet hygiène » de l'Union européenne, ils ont déjà fait l'objet d'opérations de modernisation, mais sur le plan sanitaire avant tout. Certains ont transformé leurs équipements destinés aux animaux vivants, principalement les stabulations d'attente. Reste qu'il existe encore des abattoirs particulièrement vétustes. Je suis certain que si certains de ceux que nous avons récemment visités recevaient les inspecteurs de l'OAV, ils seraient fermés sur le champ comme cela est arrivé il y a quelques années à l'abattoir de Mâcon. Le plan de modernisation devra concerner les équipements dédiés aux animaux vivants – stabulations, couloirs d'amenée, postes d'immobilisation –, plutôt négligés ces dernières années, c'est peu de le dire, au profit des améliorations sanitaires.

S'agissant des pays les plus protecteurs, nous sommes assez mal placés pour vous faire part de notre analyse sur les pays situés en dehors de l'Union européenne car nous sommes une association nationale qui a déjà fort à faire en France. Je peux vous dire que les abattoirs en Australie et en Nouvelle-Zélande suivent des protocoles d'abattage poussés avec contrôle systématique de la perte de conscience. Qui plus est, ils ont développé des méthodes qui n'existent pas encore en France, comme l'électronarcose des bovins : les animaux entrent dans de gros caissons où ils sont étourdis par choc électrique. Les loupés sont pratiquement inexistants. Qui plus est, l'étourdissement étant réversible, ces pays exportent de la viande halal vers les pays du Golfe et du Moyen-Orient. Plusieurs fatwas considèrent en effet que l'étourdissement est toléré par l'islam lorsqu'il ne tue pas l'animal mais le rend inconscient, l'un des préceptes du Coran commandant d'être bienveillant avec l'animal lorsqu'on le met à mort.

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