Intervention de Laurent Kauffmann

Réunion du 28 avril 2016 à 10h00
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Laurent Kauffmann, directeur de l'abattoir du Vigan :

Comme l'a dit le président Canayer, nous faisons des contrôles internes et externes. Ce genre d'acte n'a évidemment jamais été commis sous nos yeux. Les collègues de cet agent ne m'ont jamais fait part de tels comportements. Le président a pris la mesure de la gravité des actes : la sanction a été immédiate, il ne pouvait en être autrement.

Nous organisons au minimum une formation par an. Depuis la crise de la vache folle, beaucoup de choses ont été faites sur le plan sanitaire ces quinze dernières années. En 2014, on a exigé des certificats de compétences en matière de protection animale. Je pense que, dans la plupart de ces abattoirs, tout le monde a ces certificats. Bien que la taille de notre abattoir ne l'oblige pas, j'ai mon certificat de responsable protection animale (RPA). Mais il faut être honnête : tout le monde s'est laissé un peu déborder. Que ce soit à la fédération des abattoirs publics ou dans des structures privées, les formations sur la protection animale ont été avant tout théoriques. Il y a donc là une carence. Si des avancées s'imposent, c'est bien à ce niveau. C'est pour cela que le président de la Communauté de communes a demandé qu'un professionnel du bien-être animal travaille en situation à toutes les étapes : déchargement des animaux, conditions dans les stabulations, amenée au piège, mise à mort.

Nous avons des guides de bonnes pratiques d'abattage, des modes opératoires normalisés. Hormis les actes de maltraitance commis par notre agent, qui est un cas isolé, je peux vous assurer que nous travaillons tout au long de l'année en conformité avec la réglementation, et que nous travaillons particulièrement bien.

Toujours en matière de formation, la seule approche pratique dans notre abattoir a été faite à notre demande – encore a-t-il fallu insister. Nous avons demandé à un organisme privé de nous envoyer un intervenant ayant une connaissance particulièrement aiguë du maniement des animaux dans les stabulations. Celui-ci a conclu, dans son rapport, que nos installations étaient tout à fait conformes. Il nous a bien expliqué comment on devait déplacer un lot d'agneaux, etc. Si nous avons fait cette démarche, c'est parce que nous n'étions pas satisfaits des investissements que nous avions réalisés dans le domaine de l'amenée des animaux. Nous voulions aller plus loin.

Nous avons été très secoués par ce qui s'est passé dans notre abattoir. Nous attendons beaucoup du travail que nous allons faire avec l'éthologue. Nous nous sommes beaucoup remis en question. Tous les contrôles internes et externes confortent le travail que l'on accomplit tout au long de l'année. Nous avons beaucoup travaillé sur tout ce qui a trait à l'étourdissement et à la mise à mort des animaux. On peut noter que les services qui contrôlent ne maîtrisent pas certains paramètres. Nous maîtrisons les notions de perte de conscience et d'éventuels retours de conscience des animaux au moment des phases d'étourdissement, mais nous nous sommes demandé s'il n'y avait pas des choses qui nous échappaient. En fait, là aussi, il faut une montée en puissance au niveau de la formation. En tout cas, quand on creuse la question, on s'aperçoit que certains paramètres sont retenus par les instances de contrôle alors qu'ils ne sont pas pertinents. La vidéo fait à un moment donné état de retours de conscience, laissant sous-entendre que les animaux sont saignés alors qu'ils sont conscients. Je peux vous assurer que ce n'est pas vrai. Quand on parle de ces choses, il faut être précis car c'est un domaine très pointu. On laisse sous-entendre que l'on travaille n'importe comment et que l'on fait n'importe quoi. Au contraire, tous les critères de non-conscience de l'animal avant la saignée font l'objet d'une connaissance du personnel et de contrôles sur lesquels nous sommes prêts aujourd'hui à aller encore plus loin.

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