Intervention de Max Roustan

Réunion du 28 avril 2016 à 9h00
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Max Roustan :

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous, monsieur le rapporteur : le rituel est le rituel, il ne s'appelle pas autrement. C'est un vrai problème politique, il ne faut pas avoir peur de le dire ici, à l'Assemblée nationale. Il ne s'agit pas de stigmatiser qui que ce soit, mais le rituel est demandé pour des raisons cultuelles, et non pour des raisons liées à la qualité de la viande.

L'abattage rituel impose au directeur d'employer des sacrificateurs qui sont nommés extérieurement à l'abattoir. Leur manière d'abattre les bêtes est rituelle, on ne peut pas dire autrement. Il ne faut pas se le cacher, et il n'y a rien de scandaleux à reconnaître ce que la religion nous demande. On le fait ou on ne le fait pas. Certains pays, où l'on mange pourtant de la viande halal, ne le font pas. C'est un problème franco-français.

Les trois quarts des vidéos ont été tournés chez nous, à Alès. Je reconnais que le flot de sang que l'on voit dans la première image est insoutenable. Moi-même, j'ai fermé l'abattoir dans la minute où je l'ai vue. La bête est bien vivante quand on la tue : elle n'est ni assommée, ni engourdie. Qu'il faille attendre trois, quatre, cinq, dix minutes pour qu'elle ne bouge plus, je ne suis pas compétent pour le dire ; je ne suis pas vétérinaire. Mais étant agriculteur, je sais que cela met un certain temps.

La certification ne me pose aucun problème, monsieur le rapporteur. L'installation de caméras ne m'en poserait pas non plus. Cela étant, on ne peut pas visualiser en France des salariés au travail, comme on peut le faire en Espagne. Pour que ce soit possible, il faudrait que vous interveniez par une décision législative. Cela pourrait être la solution idéale car cela permettrait de savoir ce qui se passe dans un abattoir et de discipliner l'abatteur qui, se sentant surveillé, ne se laisserait pas aller à des gestes malheureux.

Sachez ensuite que nous recrutons nos agents sur compétences. Nous leur assurons par ailleurs chez nous une formation, qui est assurée par un cabinet spécialisé. Mais on peut toujours améliorer cette formation.

Enfin, nous avons pris de nouvelles mesures.

Par exemple, nous utilisons des pièges pour égorger les animaux. Mais ces pièges étaient à dimension fixe, alors que les animaux peuvent peser 150 kg, 155 ou 180 kg, ce qui posait des problèmes. C'est là que les financements de la région et du département nous ont aidés à les perfectionner. Ils nous ont également permis d'améliorer la circulation des animaux avant l'abattage, de mieux immobiliser les têtes avant d'utiliser le matador, etc. Le préfet avait conditionné l'autorisation de rouvrir l'abattoir à la résolution de certains problèmes. Aujourd'hui, c'est fait. Toutes ces mesures nouvelles ont été prises et l'abattoir est aujourd'hui en état de fonctionnement normal.

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