Votre remarque sur l'importance de l'humain me choque un peu, car ce type d'établissement accueille d'autres êtres vivants, en l'occurrence des animaux. D'après votre propos – et même si je pense que ce n'est pas ce que vous avez voulu dire –, le fait de se défouler après avoir passé une mauvaise nuit, ou avoir été confronté à des difficultés personnelles, peut expliquer certains débordements ou gestes inadmissibles. On peut comprendre qu'une personne donne un coup de pied dans un mur ou dans une machine ; mais s'en prendre à un être vivant, ce n'est pas la même chose. Dans les réflexions à venir sur les entreprises d'abattage, je pense important de rappeler que les animaux ne sont pas des choses, des objets, que ce sont des êtres vivants, même s'ils vont en ressortir morts, que les abatteurs exercent un travail forcément très violent, qu'ils subissent cette violence, mais que l'on ne peut admettre ou comprendre que cette violence soit rejetée sur les animaux pour des raisons de mal-être personnel. On peut avoir besoin de se défouler dans un métier aussi difficile ; selon moi, cette dimension doit être prise en compte dans les dispositifs de bien-être social que vous évoquez. Certes, ce problème de violence se pose dans d'autres situations, y compris avec des animaux de compagnie qui parfois sont les souffre-douleur de leur maître.