Intervention de Gilda Hobert

Réunion du 11 mai 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilda Hobert :

Quel chemin a parcouru l'AFP depuis la création par Charles Havas de l'agence qui portait son nom ! Le pigeon voyageur sollicité dès 1835 pour transmettre les nouvelles n'est plus qu'un lointain souvenir ; Internet, plateformes numériques et réseaux sociaux l'ont largement supplanté. Le sérieux et la qualité de l'AFP sont reconnus ; ses journalistes, photographes et vidéastes parcourent la planète pour relayer l'information. Aussi le groupe Radical, républicain, démocrate et progressiste considère-t-il l'augmentation annuelle de 1,4 % de la dotation publique allouée à l'Agence pleinement justifiée.

L'année 2015 a été dense pour chacun d'entre nous, et plus particulièrement pour l'Agence. Rien ne nous a été épargné : les attentats et leurs suites, une crise migratoire qui est loin d'être terminée, une crise sociétale et politique dont diverses manifestations, parmi lesquelles Nuit Debout, nous apportent l'écho d'une défiance exacerbée.

La charte de l'AFP est vertueuse dans son essence, mais son application en tout temps doit être malaisée ; confrontés aux drames humains et sociaux qui secouent le monde, les journalistes et les photographes appelés à en rendre compte doivent être sujets à bien des interrogations et des états d'âme. Mais vous vous êtes largement impliqué dans le droit à la liberté d'expression des métiers de la presse et, avec vous, tous ces professionnels, partout dans le monde, témoignent de leur engagement en faveur d'une information au plus près de la vérité. Les valeurs de l'Agence – fiabilité, authenticité, lucidité, objectivité, neutralité – sont mises à rude épreuve. Comment relayer uniquement des faits quand leurs causes et leurs effets ne peuvent qu'ébranler ? Comment rester l'esprit libre et neutre et servir cette liberté et cette neutralité ? Comment appréciez-vous les effets de la loi sur la modernisation de la presse et de celle, plus récente, qui vise à renforcer la liberté, l'indépendance et le pluralisme des médias ?

Le COM a augmenté les moyens accordés à l'AFP mais il a également plafonné à 1 % l'évolution des dépenses de l'Agence, un rythme plus faible que précédemment, notamment pour ce qui est de la masse salariale. Vous avez annoncé vouloir dynamiser l'Agence et remettre à plat les accords d'entreprise, trop nombreux selon vous. Pouvez-vous nous en dire davantage et évoquer les premiers résultats des négociations sociales en cours ? Vous voulez aussi revenir sur certains avantages liés à la convention collective de la presse nationale pour le personnel non journaliste, avec une baisse des RTT et une journée de récupération pour dix astreintes – en bref, des choix qui ne vont pas dans le sens des salariés. Comment comptez-vous continuer à motiver les journalistes qui effectuent quotidiennement un travail fiable, lucide et objectif tout en revenant sur une partie de leurs acquis sociaux ?

Tout en contenant les charges, vous souhaitez augmenter les ressources de l'Agence. Pour cela, vous envisagez de vous spécialiser dans certains pays, régions ou domaines – le Brésil, le monde arabe, le sport, la vidéo et plus généralement le multimédia. Déjà, AFPTV est une réussite. Sur le plan économique, cet objectif se comprend. Mais continuerez-vous à traiter l'information en temps réel, et à être un relais indispensable autant pour les questions économiques, politiques et sociétales que pour le sport ? L'AFP, dont les 2 300 collaborateurs couvrent la planète, doit rester un phare de l'information.

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