Intervention de Julien Aubert

Réunion du 10 mai 2016 à 17h15
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Merci, monsieur le ministre, d'être venu devant la Commission aujourd'hui. Vous avez utilisé tous les mots qui comptent : coopération, partenariat, gagnant-gagnant, et même osmose. Les mesures que vous avez citées sont intéressantes, mais palliatives : la situation des territoires ruraux continue de s'aggraver, notamment parce que les services publics s'en vont. Le numérique est également un sujet essentiel.

S'agissant de la représentation de l'État dans les territoires ruraux, il y a un problème de tubulure : chaque ministère ou organisme public qui doit revoir son réseau en raison des contraintes budgétaires fait le même raisonnement, mais dans son coin, et les suppressions finissent par se concentrer toutes au même endroit. Une même commune peut voir partir, en quelques années, le tribunal, une caserne de gendarmerie, un bureau de poste… Les citoyens se sentent délaissés, et les entreprises ne viennent plus. Votre ministère doit s'efforcer de coordonner, d'équilibrer ces fermetures.

Vous dites qu'il ne faut pas opposer la ville et la campagne, et vous avez raison, mais il ne faut pas renoncer à trancher et à mettre en place des priorités. Depuis vingt ou trente ans, nous avons déversé des milliards d'euros dans la politique de la ville, et les ruraux se demandent parfois s'ils ne sont pas les oubliés de la République. Continuer la même chose, et continuer une politique de saupoudrage dans les territoires ruraux, ne sert pas à grand-chose.

Vous avez également esquivé le problème de la représentation politique, qui a été altérée pour les territoires ruraux, durant cette législature, par la mise en place de circonscriptions départementales de plus en plus grandes. J'habite un petit village de mille habitants : en quatre ans, nous avons vu disparaître le conseiller départemental, le conseiller régional…

Vous n'avez pas abordé le sujet des normes et des obligations. Il faudrait se pencher sérieusement sur les obligations imposées aux logements sociaux en matière d'accessibilité : les coûts peuvent s'élever à plusieurs centaines de milliers d'euros dans des villages de quelques milliers d'âmes.

Vous avez abordé la question de la revitalisation des centres-bourgs. Mais il faut également évoquer la multiplication des zones commerciales, la concurrence entre les villes qui veulent toutes leur hypermarché, ce qui fait mourir à petit feu les petits commerces des centres-villes.

J'accueille, à titre personnel, votre projet de loi Montagne avec beaucoup d'intérêt. J'espère en particulier que nous pourrons discuter des hôpitaux de montagne, qui sont parfois traités de la même manière que les autres hôpitaux ruraux, alors que les conditions météorologiques et l'activité de nature saisonnière de ces zones justifient que l'on ne leur applique pas la même grille d'analyse.

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