Nous savons combien les négociateurs – au premier chef les négociateurs français – ont dû ferrailler pour que la dimension du genre soit intégrée à l’accord. Pourtant, si les femmes avaient accès aux mêmes moyens de travail que les hommes, la production agricole augmenterait, selon les Nations unies, de plus de 20 %, ce qui permettrait de nourrir immédiatement au moins 150 millions de personnes supplémentaires.
Madame la ministre, en avril dernier, en tant que présidente de la COP21, vous avez participé au forum de l’Union africaine consacré au climat. Vous y avez déclaré que les « femmes sont l’essentiel de la solution » et annoncé six types actions : intégrer dans toutes les contributions nationales la dimension femmes, alors que seulement 36 % d’entre elles le font aujourd’hui ; consacrer à des projets construits par des groupes de femmes la moitié des ressources dédiées aux productions décentralisées d’énergie ; créer des écoles agricoles intégrant les énergies renouvelables ; soutenir un programme massif d’équipement en appareils de cuisson fonctionnant au biogaz ou en fours solaires ; établir la parité dans le financement des dispositifs d’alerte ; enfin, reconnaître le rôle des femmes en créant un prix « Femmes d’Afrique et climat », portant le nom de la première femme africaine prix Nobel de la paix, Wangari Muta Maathai, qui fut une écologiste et une féministe.
Madame la ministre, alors qu’a commencé hier, à Bonn, le seul round préparatoire de la conférence de Marrakech, peut-on espérer que les femmes soient pleinement reconnues, dès la COP22, comme actrices du changement climatique et parties prenantes des instances de gouvernance ? Peut-on espérer que les programmes que vous avez annoncés seront effectivement financés ?