Intervention de Patrick Calvar

Réunion du 10 mai 2016 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Patrick Calvar, directeur général de la sécurité intérieure :

Dans quatre ou cinq ans, les technologies inscrites dans la loi seront obsolètes. Cela me rappelle la loi de 1991 sur les interceptions de sécurité : quatre ans après, le téléphone portable se répandait, alors que l'on était parti sur le « 22 à Asnières ». Ce problème résulte du fossé qui se creuse entre, d'une part, les élites politiques et administratives et, d'autre part, les élites scientifiques.

Europol est une agence de coopération policière et non de renseignement. Nous sommes aujourd'hui polarisés sur la lutte antiterroriste et nous ne voyons plus les dégâts causés par l'espionnage. Certains viennent de les redécouvrir, avec stupéfaction, à la suite des révélations de M. Snowden, qui nous a appris l'existence de nouveaux outils. Il en va de notre souveraineté, de notre capacité industrielle et économique, de notre recherche. C'est pourquoi nous avons ouvert les portes de notre service à des profils de plus en plus divers.

Il est hors de question de partager notre souveraineté, sauf à mettre en place une gouvernance politique de l'Europe.

L'organisation du système français me paraît cohérente. Il faut arrêter les bouleversements et ne pas voir non plus que la seule dimension terroriste, car les dimensions de souveraineté restent à mon avis extrêmement importantes.

Nous avons du mal à savoir combien de combattants étrangers sont présents au sein de Daech, qui n'est d'ailleurs pas qu'une organisation terroriste. Daech est né de l'absence d'État sunnite dans une région confrontée à la prise de contrôle de Bagdad par les chiites. Si Daech disparaît, une autre forme d'État sunnite le remplacera.

En matière d'interceptions, nous sommes confrontés à une énorme masse de données et à la problématique du chiffrement. Demain, les iPhone auront un chiffrement aléatoire. Je crois que la seule façon de résoudre ce problème est de contraindre les opérateurs.

Je ne crois pas que nous ayons trop de services de renseignement. Il faut que les périmètres soient définis de façon très stricte et qu'il y ait une réelle coordination, ce qui est le cas.

La DGSI et la DGSE ne font pas le même métier. La DGSE est par nature un service offensif. Nous sommes des services complémentaires et il faut davantage développer cette complémentarité car nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres.

Je ne sais d'où Europol sort ses chiffres. Nous avons été très surpris et, en tout cas, cela ne me paraît pas crédible. Qu'il y ait des commandos sur le territoire européen, oui, mais cela se compte en unités, non en milliers.

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