Intervention de Christophe Marie

Réunion du 11 mai 2016 à 16h30
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Christophe Marie, directeur du pôle protection animale et porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot :

C'est une bonne idée, car elle a beaucoup de choses à dire. J'ai été très étonné, en écoutant l'audition du directeur général de l'alimentation à laquelle vous avez procédé le 4 mai dernier, de l'entendre dire que les choses étaient rentrées dans l'ordre après le scandale de 2012 et citer, au sujet du pourcentage d'animaux abattus sans étourdissement, des chiffres simplement collectés par la DGAL dans les registres des professionnels. J'ai du mal à croire que seuls 27 % des ovins feraient l'objet d'un abattage rituel, alors que le rapport de 2005 du Comité permanent de coordination des inspections (COPERCI), jamais publié parce que trop embarrassant, faisait état d'un chiffre de 80 % – passé à 60 % quelques années plus tard. Une telle évolution paraît impossible, surtout si l'on tient compte du fait que les nouveaux abattoirs ne pratiquent pas l'abattage des ovins avec étourdissement. On relève la même incohérence en ce qui concerne les bovins, pour lesquels M. Dehaumont annonce un taux de 15 %, alors qu'un rapport commandé en 2011 par le ministère de l'agriculture faisait état de 40 %. Comme vous le voyez, il est difficile de progresser quand certains restent dans le déni. Le moment nous semble venu de mettre tout à plat afin de pouvoir avancer, comme de nombreux pays l'ont fait avant nous.

Nous sommes très fréquemment amenés à travailler avec d'autres associations sur des campagnes nationales de sensibilisation. Je vous rejoins pour considérer que, plutôt que d'établir un classement des abattoirs, il convient de fixer des normes universelles et de veiller à leur application par tous de la même manière.

Je fais partie de la Commission nationale de l'expérimentation animale, placée auprès des ministres chargés de la recherche et de l'agriculture, et du Comité national de réflexion éthique dans l'expérimentation animale, qui chapeaute les comités d'éthique nationaux : si l'existence de comités d'éthique dans ce domaine me paraît justifiée – car l'expérimentation animale donne régulièrement lieu à l'élaboration de protocoles qu'il faut à chaque fois étudier –, l'abattage est une pratique générale qui, à mon sens, justifierait plutôt la rédaction de guides de bonnes pratiques.

La consommation de viande a effectivement tendance à diminuer, ce dont on ne peut que se féliciter compte tenu du très fort impact environnemental de l'élevage, surtout dans les pays les moins développés, qui subissent de plein fouet les ravages de la déforestation visant à produire des céréales ou du soja destinés à l'élevage intensif.

Le coût de la viande est variable, mais relativement faible dans le circuit classique. Faire appel aux abattoirs mobiles aurait pour conséquence une augmentation du prix final. S'il est possible de recourir à ce mode d'abattage dans le cadre de l'Aïd el-Kebir, c'est en raison des gros volumes d'abattage réalisés en une seule fois. En revanche, pour pratiquer un abattage d'urgence dans une ferme, nous sommes plutôt favorables à l'intervention d'un vétérinaire afin de soulager et d'euthanasier l'animal, qui ne sera pas valorisé dans la chaîne de production.

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