Intervention de Marion Maréchal-Le Pen

Séance en hémicycle du 19 mai 2016 à 9h30
Prorogation de l'application de la loi relative à l'état d'urgence — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarion Maréchal-Le Pen :

…parmi lesquels se sont infiltrés une partie des terroristes qui ont frappé hier la France. Logiquement, la première mesure, monsieur le ministre, consisterait à sortir de Schengen, pour restaurer définitivement les contrôles aux frontières nationales. Sans cela, rien ne sera possible.

J’ai voté l’état d’urgence, ainsi que sa reconduction. Oui, sa promulgation fut utile : 3 427 perquisitions, 268 assignations à résidence, 588 saisies d’armes, 402 interpellations lors de la première partie. Nos services ont pu réactualiser leurs fichiers. Mais force est de constater que le dispositif déployé dans le cadre de l’état d’urgence s’essouffle : depuis le 26 février, on compte seulement 140 perquisitions administratives, 72 assignations et 155 armes saisies.

Vous annoncez d’ailleurs que, lors de cette troisième reconduction, les perquisitions administratives seront abandonnées. Vidé de sa substance, banalisé, l’état d’urgence semble désormais être davantage une arme médiatique pour le Gouvernement qu’un bouclier protégeant efficacement les Français d’une éventuelle attaque terroriste.

Invoquer sa reconduction eu égard aux événements sportifs à venir est un alibi bien chancelant, révélateur de l’incapacité du Gouvernement à prendre des mesures ambitieuses dans la pérennité. Le paradoxe veut même que nous ayons moins de forces de police cette année pour encadrer les zones de regroupement des supporters ! La réalité est que nos policiers, nos militaires, sont déjà mobilisés par un plan Vigipirate devenu permanent, qui les use physiquement et psychologiquement.

Commençons donc par les réarmer juridiquement : je pense notamment à la présomption de légitime défense pour les policiers, à la réécriture de la légitime défense pour une application plus réaliste et moins restrictive, à l’augmentation des heures de formation au maniement des armes, au droit de circuler gratuitement dans les transports en commun. Les outrages à agents devraient être systématiquement poursuivis, ce qui n’est malheureusement pas le cas à l’heure actuelle. Le Gouvernement doit à nouveau considérer la sécurité comme une priorité budgétaire, plutôt que de dilapider notre budget dans les contributions à Bruxelles ou dans des politiques migratoires complètement folles ! Il devrait se concentrer sur la création de postes, que Nicolas Sarkozy a rabotés allègrement en 2009. Je rappelle que nous comptons seulement 356 policiers pour 1 00 000 habitants, soit moins qu’en Espagne, au Portugal ou en Italie.

Si nous souhaitons être efficaces contre le terrorisme, il faut aussi revoir d’urgence notre politique étrangère. Le Gouvernement prétexte d’une intensification des attaques terroristes en Afrique de l’ouest et au Moyen-Orient pour proroger l’état d’urgence. Au Sahel, l’opération Barkhane voit 3 500 de nos militaires isolés sur une surface gigantesque. Qu’attendez-vous pour réorganiser Barkhane et revoir la question des effectifs de nos armées ? Le ralentissement de la diminution du nombre de nos soldats par la loi de programmation militaire de juin 2015 est déjà obsolète. Au Moyen-Orient, nous devons renverser nos alliances et mener une politique réaliste. Le prisme pro-sunnite du Quai d’Orsay empêche de voir que le wahhabisme, version ultra-radicale de l’Islam, ensemence sa mauvaise graine au Sahel, s’embarque dans les flottes de migrants et s’infiltre dans les mosquées de notre pays.

L’État doit contrôler les fonds qui financent les imams, lieux de cultes, associations cultuelles et culturelles, en particulier lorsqu’ils viennent de pays comme le Qatar ou l’Arabie Saoudite. Malgré les grandes déclarations, seulement neuf mosquées radicales ont été fermées, alors qu’une centaine sont classées salafistes. Le tristement célèbre imam de Brest, dont on nous a dit qu’il avait été interdit de prêche, continue de prêcher au sein de sa mosquée sans que rien ne soit fait.

Monsieur le ministre, nous ne nous opposerons pas à cet état d’urgence mais nous attendons toujours que vous fassiez la démonstration de sa plus-value en stoppant la chienlit qui prospère hors de ces murs,

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