Cela ne me paraît effectivement pas une bonne idée. Je prendrai, pour vous l'expliquer, le deuxième exemple que je comptais vous citer : celui de Pôle Emploi. Le regroupement de l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE) et de l'UNEDIC, auquel nous nous sommes toujours opposés, a accouché d'un monstre. Étant moi-même administrateur de Pôle Emploi, je mesure mes propos et pourrais vous citer les propositions concrètes qu'a modestement formulées la CGPME par mon intermédiaire en vue d'améliorer la gestion de l'établissement et de faire en sorte qu'il s'adapte aux réalités du terrain.
La spécificité de l'AGEFOS-PME réside dans sa capacité à répondre aux attentes des TPE et PME. Si l'on noie cet OPCA dans un système plus large, il s'y passera la même chose qu'à Pôle Emploi – qui déroule le tapis rouge pour les grandes entreprises, allant même jusqu'à y placer des agents, et leur apporte toutes les aides possibles tout en enjoignant aux petites entreprises de passer leur chemin. Je me suis battu pendant quatre ans pour expliquer au conseil d'administration de Pôle Emploi que c'est dans les TPE et PME que se crée l'emploi. Il y a trois ans, lorsqu'on s'est enfin décidé à lancer une phase de tests pour vérifier la véracité de mon propos, on s'est aperçu que 51 % des déclarations préalables à l'embauche étaient faites par des entreprises de moins de dix salariés – secteur dont Pôle Emploi ignorait jusqu'à l'existence… Pôle Emploi a donc finalement déployé depuis la fin de l'année dernière 4 000 agents, joignables par téléphone, chargés des relations avec les TPE et PME. Auparavant, les chefs d'entreprise, ne pouvant contacter la personne chargée de traiter leur dossier que par e-mail ou via des plateformes téléphoniques, devaient parfois compter jusqu'à vingt minutes pour s'entendre dire que cette personne était absente.
Bref, il serait catastrophique de reproduire le système de Pôle Emploi, exclusivement conçu au profit des grandes entreprises et inapplicable aux petites. Je défends la spécificité d'un modèle dans lequel des chefs d'entreprise de TPE et PME siègent dans ces conseils d'administration nationaux et territoriaux et animent un véritable dialogue social en étant parfaitement au fait des réalités de terrain de ce type d'entreprises. Il faudra bien, à un moment donné, prendre en compte ces réalités sans quoi on n'avancera pas.