S'agissant de votre fonction, il y a manifestement, monsieur l'ambassadeur, un problème de communication. Nombre de mes collègues ignoraient tout de votre action ; je n'en connaissais pour ma part qu'une partie. Que dire alors de la presse et du grand public ?
C'est aussi une question de structure gouvernementale. Il y a eu à certaines périodes un ou une ministre des droits de l'Homme. La dernière expérience en la matière fut malheureuse puisque le ministre des affaires étrangères de l'époque, ne supportant pas cette situation, a renvoyé Mme Yade dans ses foyers. Il s'agissait de M. Kouchner ; c'est tout dire… Pourtant, avant même cette décision, il existait déjà un ambassadeur pour les droits de l'Homme dont on peut se demander à quoi il servait puisqu'il induisait un doublon. C'est à n'y rien comprendre, ou presque. D'autre part, vous êtes doté du statut d'ambassadeur. Dès lors, quel est votre interlocuteur gouvernemental ? Le Quai d'Orsay, sans doute ; mais devez-vous rendre des comptes à la Présidence de la République, à Matignon, voire à je ne sais quel autre ministre ?
Je ne mets en aucune façon en cause votre volonté, votre talent ni votre bonne foi. Mais, très franchement, quels sont les résultats ? Ils sont inconnus de nous, des médias et du grand public. Mme la présidente a rappelé à juste titre l'affaire Saleh, dans laquelle nous nous sommes fortement impliqués, surtout Gaëtan Gorce, dont l'action fut remarquable. Il en est résulté, vous l'avez dit, la première résolution adoptée – à l'unanimité – par notre Assemblée. Le résultat est absolument lamentable à tous points de vue : du côté tchadien, du côté européen, du côté français.
En dépit de vos explications, de ce que vous appelez votre présence sur le terrain, on ne perçoit donc pas l'utilité de votre fonction. Je serais heureux que vous me détrompiez, aujourd'hui ou plus tard.