Monsieur l'ambassadeur, je souhaite vous poser deux questions. L'une est territoriale, l'autre touche aux principes, et la seconde est liée à la première comme à une illustration.
En ce qui concerne la zone sahélo-malienne, que doit à votre avis la situation actuelle à la gestion de la question libyenne ? Je songe d'une part au soutien algérien avéré au colonel Kadhafi et à l'audience aujourd'hui accordée par Alger aux mouvements islamistes qui sont partie prenante sur place ; d'autre part, aux insuffisances de la gestion collective de l'après-Kadhafi, et notamment à la dispersion des armes lourdes ; enfin, au souhait exprimé par l'Union africaine et les pays de la CEDEAO d'un soutien international à une intervention militaire africaine. Voilà les éléments essentiels, et pourtant assez contradictoires, d'une solution au problème.
Au niveau des principes – je fais suite à votre déclaration sur l'intérêt des missions humanitaires –, entre la souveraineté des États, que nous avons souvent plaidée, comme le sait bien mon cher collègue Myard, et le devoir d'ingérence, un nouveau concept onusien est apparu depuis 2000 : le devoir de protéger les populations en cas de carence des États. Ce concept est encore incertain. Il exclut de ses objectifs le changement de régime politique, mais on a vu en Libye le mandat de l'ONU singulièrement débordé. Comment préciser, conforter et confiner les missions de défense des droits de l'Homme de sorte qu'elles soient reconnues comme justement opératoires au niveau international ?