Intervention de François Zimeray

Réunion du 11 juillet 2012 à 10h00
Commission des affaires étrangères

François Zimeray, ambassadeur de France pour les droits de l'Homme :

Vous avez raison, monsieur Myard : certaines ONG ont montré qu'elles étaient manipulées, instrumentalisées et détournées de leurs objectifs ; je songe notamment à la conférence de Durban II, qui a laissé un très mauvais souvenir à la communauté internationale. Mais les ONG auxquelles je faisais référence sont – si vous me permettez ce terme – les « grandes marques » des droits de l'Homme ; elles ont fait la preuve de leur professionnalisme, de leur rigueur méthodologique, et comptent d'excellents spécialistes. Je songe à Human Rights Watch, à Amnesty International, à la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme – la FIDH – et à des organisations plus spécialisées comme La Voix de l'Enfant. Dans ce domaine comme dans tous les autres, il y a des partenaires crédibles et solides mais aussi des amateurs. Assurément, la loi de 1901, la facilité avec laquelle elle permet de constituer une association et la richesse du réseau associatif français qui en découle peuvent aussi engendrer l'amateurisme ; et cela donne L'Arche de Zoé. Il faut être vigilant sur ce point. Mais les partenaires « accrédités » de la politique des droits de l'Homme du Quai d'Orsay sont des ONG reconnues.

D'excellentes plumes ont d'ailleurs pu reprocher au Quai d'Orsay d'être géré comme une ONG, ce qui n'est pas très gentil pour ces organisations ! En réalité, celles avec qui je travaille sont remarquablement bien gérées, et nous gagnerions parfois à nous inspirer de leur sérieux, de leurs méthodes et de leur exigence. Je parle naturellement des plus grandes et des plus sérieuses, celles avec lesquelles il serait difficile de ne pas travailler. Mais vous avez raison : il faut, ici comme ailleurs, faire preuve de discernement.

Vous avez d'autre part évoqué une question récurrente et importante : les droits de l'Homme sont-ils un concept occidental ? Pour montrer qu'il s'agit au contraire d'une aspiration partagée par toute l'humanité, on peut mobiliser des arguments théoriques ou juridiques, par exemple en faisant valoir qu'une majorité d'États a adopté les textes de référence, ce qui est censé mettre fin au débat. En ce qui me concerne, je me fonderai une fois encore sur mon expérience. Lors de mes missions, je n'ai pas constaté que les souffrances endurées sous la torture variaient selon les latitudes.

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