Je n'ai jamais vu autant de cruauté dans la violence dans les missions que j'ai accomplies.
Je me suis rendu sur place pour vérifier par moi-même les accusations portées contre le régime syrien. Après avoir discuté notamment avec des blessés, dont certains dans un état très grave, je peux dire, au regard des sévices qui ont été infligés, que la Syrie est dirigée par un véritable « gang des barbares ». J'ai en tête par exemple le témoignage d'un père qui avait accompagné son fils asthmatique dans une pharmacie pour acheter un spray : alors qu'il l'attendait dans la voiture, un agent de sécurité aérienne a demandé au fils qui sortait de l'officine s'il était dans les manifestations. Celui-ci lui répondit que oui, après quoi l'agent lui tira une balle dans la tête, lui mit le spray dans la bouche et alla chercher le père en lui disant que son fils l'attendait… J'ai rencontré aussi un directeur d'hôpital, qui m'a raconté avoir reçu pour instruction d'y enlever tous les médicaments afin de le transformer en centre de torture. J'ai eu également connaissance d'un déserteur tankiste qui avait dû tirer dans la foule.
Il y a donc bien dans ce pays des crimes contre l'humanité : j'en ai rendu compte au ministre des affaires étrangères et nous ferons tout pour que ces actes, dont beaucoup touchent des enfants, ne restent pas impunis. Il convient de désigner dans l'appareil d'État les noms des responsables. À cet égard, je me suis assuré que l'on puisse recueillir des témoignages conformément aux règles de la justice internationale – les procès en ex-Yougoslavie ayant notamment montré que certaines personnes ayant sans doute commis des crimes très graves pouvaient être relaxées pour nullité de procédure faute d'avoir réuni les preuves selon les exigences prévalant en la matière.