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On devrait rappeler plus souvent que nous avons tout de même, dans notre pays – dites-moi si je me trompe –, le régime de protection sociale le plus sophistiqué et le plus protecteur au monde ! Cela a été un peu dit en 2008, au moment où nous avons subi la crise de plein fouet. Certes, on peut dire, a contrario, que nos amortisseurs sociaux peuvent se retourner contre nous, mais c'est, selon moi, un élément important.
Pour ce qui est du régime d'assurance chômage, il est exact que l'on bascule, à un moment donné, dans le système de solidarité relevant de l'État. Mais je ne suis pas sûr que ce serait une bonne chose de créer un système partagé entre l'État et les partenaires sociaux, car plus on dilue les responsabilités, plus les acteurs se renvoient la balle. Le régime géré par l'AGIRC et l'ARRCO est très clair, ce qui présente l'avantage d'obliger tous les partenaires sociaux à assumer pleinement leurs responsabilités et à faire preuve d'intelligence de temps en temps ! Je le répète, car j'y crois beaucoup : lorsque les partenaires sociaux s'impliquent, l'acceptabilité des réformes est plus grande, même si cela nécessite un gros travail de « labourage ».
On parle beaucoup du revenu universel en ce moment, notamment au Conseil économique, social et environnemental (CESE). Pour ma part, je ne sais pas bien ce que c'est ! Encore une fois, nous avons un système de protection sociale de bon niveau au regard de ce qui existe ailleurs dans le monde. L'UPA est favorable à ce système, y compris pour des raisons « bassement matérielles » du point de vue de ses entreprises : sans ce système, les gens seraient moins sereins ; or moins ils ont de préoccupations, plus ils consomment. Si nous mettons en place un régime de revenu universel versé par l'État, à l'instar de ce qui est en train de se faire en Finlande, que fera-t-on de l'existant ? Selon moi, ce sera une très mauvaise chose, car cela retirera toute responsabilité aux partenaires sociaux.
Je sais bien que les corps intermédiaires sont souvent attaqués, mais je reste convaincu que si une démocratie moderne peut avancer, c'est aussi grâce à l'action des partenaires sociaux, c'est-à-dire des représentants du monde de l'entreprise et des salariés. Nous vivons aujourd'hui une crise de la représentation, tant politique que syndicale et patronale. Dans ce contexte, nous avons besoin de redonner du sens à cette démocratie et à tous les acteurs : non seulement aux acteurs politiques, qui ont évidemment toute leur place, mais aussi aux représentants des salariés et des entreprises. L'enjeu est d'assurer une bonne complémentarité entre les uns et les autres. On ne peut faire évoluer le droit du travail, le droit de la sécurité sociale et, plus largement, notre système de protection sociale que si tout le monde marche ensemble.