Intervention de Dominique Langlois

Réunion du 12 mai 2016 à 9h00
Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français

Dominique Langlois, président de l'Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes, INTERBEV :

Avec un contrôle vétérinaire permanent et la présence d'une soixantaine de personnes sur la chaîne d'abattage, auxquelles s'ajoutent les six ou sept agents de maîtrise, de telles dérives peuvent difficilement se produire dans les gros abattoirs – si elles se produisent, elles ne durent pas. Mais on ne saurait pour autant condamner tous les autres : on trouve des petits abattoirs qui font très bien leur travail. Du reste, le règlement intérieur de certains établissements indique que la maltraitance constitue une faute grave.

Dans les trois affaires, qui révèlent des dérives dont il faudra établir la durée et la fréquence, des arguments ont été avancés, comme le volume accru des commandes, etc. Cela étant dit, le salarié n'est jamais tout seul : il est entouré de ses collègues. Certes, dénoncer un collègue est loin d'être simple, d'où l'importance d'instaurer une protection pour le lanceur d'alerte – et dans l'intérêt des salariés, car il y va de l'avenir de leur entreprise. C'est le sens de notre action auprès des fédérations, que je n'ai pas eu besoin de consulter sur notre intention de nous constituer partie civile, dans le respect évidemment de la présomption d'innocence. J'étais certain du soutien de mes collègues.

S'agissant de la vidéosurveillance, nous ne sommes ni pour ni contre. Cette mesure serait-elle pertinente ? Pour commencer, certaines structures pourraient ne pas avoir les moyens de financer l'installation d'un tel équipement. Ensuite, la question se poserait de savoir qui regarderait les vidéos et à quelle fréquence. Enfin, filmer les salariés sur leur poste de travail est actuellement interdit – la vidéosurveillance est autorisée pour des raisons de sécurité uniquement. Il faudrait en avoir la permission, et l'accord des salariés.

En définitive, nous avons déjà 80 % de la réponse, voire plus : ce qui manque, c'est la sanction, pour s'assurer de l'application des mesures existantes. Comme elle le fait pour le respect des règles sanitaires, l'administration doit jouer son rôle en saisissant le parquet en cas de faits délictueux – je n'ai pas connaissance de cas où l'administration aurait signalé des actes de maltraitance, en dehors de cas d'animaux abandonnés dans des conditions très particulières. Il faudrait qu'elle se montre totalement intransigeante sur ces faits.

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