Tout à fait. Ces affaires portent un coup terrible à la filière : aux producteurs – qui vivent très mal la situation car ils aiment leurs animaux –, aux industriels et aux distributeurs. Face à de telles images, les résultats positifs de nos campagnes de communication s'écroulent. Il est très difficile de chiffrer le quantum du préjudice, et donc d'évaluer la perte de volume. L'important pour nous est d'être acteurs dans la procédure pénale pour montrer que nous condamnons ces faits, même si les condamnations se réduisent généralement à une somme symbolique – dans l'affaire de la viande de cheval, notre objectif premier est de montrer que la fraude n'est pas cautionnée par la profession, d'où la nécessité d'une sanction pénale.
La filière bovine est en crise : après une petite accalmie, elle connaît à nouveau une dégradation très forte des prix payés aux producteurs pour lesquels la situation n'est pas tenable avec des « revenus », si l'on peut encore les appeler ainsi, qui tournent autour de 10 000 à 12 000 euros par an. Le plan de soutien à l'élevage, présenté en juillet, comporte des mesures immédiates. Par contre, nous sommes à un tournant : il s'agit de savoir si l'on veut, ou pas, conserver notre élevage en France. Selon les conclusions du rapport Chalmin, les producteurs perdent de l'argent, l'industrie fait très peu de marges, et la distribution elle-même n'y trouve pas de gains. Comment faire, sinon augmenter le prix de la viande ? D'un côté, les consommateurs disent acheter moins de viande bovine car elle est trop chère, de l'autre, les producteurs demandent une augmentation de 40 à 60 centimes par kilo. Dans ce contexte très difficile, on peut craindre de nouveaux problèmes avec les producteurs fin mai ou courant juin, à cause des sorties massives de jeunes bovins, de la présence massive de génisses sur le marché de l'abattage – car après un fort investissement sur les génisses pour l'export, celui-ci a été stoppé net à cause de la fièvre catarrhale ovine – et d'une sous-valorisation du troupeau allaitant. De surcroît, à la baisse de la consommation, s'ajoute une modification du mode de consommation : 49 % de la viande bovine est consommée sous forme de steak haché, fabriqué avec les morceaux avants. Que fait-on du reste ? Certes, dans les boucheries traditionnelles, l'acte d'achat se fait plus facilement que dans les rayons libre-service, car le boucher du quartier peut attester devant ses clients de la qualité et de la provenance de la viande. Par contre, le marché est atone. Quant au marché européen…