Nous sommes une association de femmes hautes fonctionnaires. L'ambition de notre association, dès sa fondation, était d'exercer une action continue sur la réforme de l'État, d'où son nom, avec la conviction que les femmes étaient des actrices du changement et de la réforme de l'État, mais qu'elles n'étaient pas forcément visibles ni entendues.
La création de notre association avait pour objectif de nous regrouper et nous faire connaître avec l'idée que nous pouvions avoir une autre vision de la réforme de l'État et être actrices du changement. Celle-ci portait jusqu'alors surtout sur la réforme des structures sans réflexion managériale, ce qui nous irritait. L'association voulait porter le message spécifique que le management est un levier fondamental, et sous-estimé, de la réforme de l'État et nous voulions nous engager pour donner l'exemple par le haut. Brigitte Grésy parlait tout à l'heure du débat sur la complémentarité entre les femmes et les hommes, nous, nous sommes parties de la vision des femmes. Il nous paraissait nécessaire d'ouvrir à des méthodes de fonctionnement participatif, de coopération, d'écoute ce qui impliquait la mixité à tous les niveaux et notamment dans les directions.
Les thèmes que nous avons portés depuis 1998 comme autant de messages adressés aux ministres en charge de la réforme de l'État, sont nombreux. Au début, on riait dans les couloirs du ministère en évoquant l' « association des nénettes », puis on nous a demandé des photos de l'association et enfin un dialogue de fond s'est ouvert.
Nous avons abordé des sujets tels que la gestion du temps, la gestion des réunions et des décisions interministérielles, avec un processus parfois inefficient, ainsi que les relations entre les cabinets et l'administration soumises au règne de l'urgence Nous avons aussi évoqué,le manque de sens pratique dans l'organisation du travail, la gestion des ressources humaines à effectuer sur la base des compétences plutôt que sur les statuts ou les plafonds d'emplois, ainsi que la formation des managers à la gestion des femmes et des hommes – un sujet qui a beaucoup progressé dans certains autres pays, mais qui n'est pas encore pleinement accepté dans l'administration alors qu'il est enseigné dans les écoles de management.
Nous avons aussi travaillé sur la loi Sauvadet et la place des femmes dans les emplois de direction, et nous continuons aujourd'hui de nous mobiliser sur un volet, insuffisamment appliqué, de la loi concernant les établissements publics, comme l'évoquait tout à l'heure Brigitte Grésy. Concernant les conseils d'administration des établissements publics, il ne s'agit d'ailleurs pas seulement d'un sujet d'égalité femmes-hommes, mais aussi de transparence démocratique, car ces établissements, nombreux, sont des instruments de l'action publique et il est important que leur gouvernance ne soit pas empreinte d'une certaine opacité, en indiquant par exemple clairement sur leur site la composition du conseil, les dates de renouvellement des membres, etc.
Par ailleurs, en dépit de progrès réels, la transparence des recrutements, pour les emplois de direction et les postes de responsables d'opérateurs, reste un sujet. Le dernier thème que nous allons porter ensemble est celui de l'anticipation par rapport à une prise de poste. Il faudrait que la durée d'un poste soit fixée à l'avance ce qui permettrait l'organisation et l'anticipation et faciliterait ainsi la mobilité.