Intervention de Corinne Desforges

Réunion du 2 mars 2016 à 16h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Corinne Desforges, vice-présidente de l'association « Femmes de l'Intérieur » :

Lors de la création de l'association j'étais en faveur du jeu de mots et voulais baptiser notre association « Femmes d'intérieur », mais cela a été refusé, les femmes policières en particulier craignaient les moqueries de leurs collègues.

Je tiens à préciser que je suis aussi inspectrice générale de l'administration, haute-fonctionnaire à l'égalité, et par ailleurs vice-présidente de cette association.

Concernant notre ministère, beaucoup gardent l'image qu'un préfet ou un commissaire de police est un homme.... Mais en réalité, ce ministère est moins masculin qu'il n'y paraît : il y a environ 30 % de femmes dans le ministère, avec notamment des nominations récentes de femmes à des postes de responsabilité, grâce à la loi Sauvadet et au dispositif de quotas. On compte désormais 15 % de femmes préfets – c'est encore peu mais cette proportion a progressé –, 15 % de femmes dans les hautes fonctions de la police nationale et même une femme générale de gendarmerie, mais sur 392…

Le plafond de verre est donc épais mais nous avons fait beaucoup de choses. Depuis 2007, nous disposons d'un observatoire de la parité et la diversité dans la police et la gendarmerie permettant la réalisation d'études de cohortes et de mesurer les évolutions. Par exemple, les gendarmes ont ouvert leur recrutement à des femmes universitaires mais elles ne restent pas, en raison notamment des contraintes de mobilité. Nous avons créé un site, formé les femmes cadres au leadership, dans le cadre du programme Ariane. Nous avons également organisé une exposition sur la mixité dans les locaux de la cantine du ministère, avec des photographies de femmes et hommes du Raid, de préfets et préfètes.

Nous avons mis en place une charte des hauts fonctionnaires et obtenu que pour les premiers postes, ils puissent être proposés en toute transparence. Pour les sous-préfets, ils doivent en effet partir dans les trois semaines ; il est donc important de proposer différents postes et de pouvoir au moins choisir entre une affection à Aubusson ou à Barcelonette.

Notre association s'adresse aux femmes en responsabilité au nombre d'environ 1 200 sur 76 000 femmes dans le ministère, c'est-à-dire les femmes commissaires de police, du corps préfectoral, de l'administration générale ainsi que des officiers de gendarmerie. On essaye d'être 300 femmes dans l'association. Je me rappelle d'ailleurs de la venue du Premier ministre à un dîner auquel ont participé une centaine de femmes exerçant dans la police, la gendarmerie ou l'administration générale. Nous avons des actions de mentorat, de soutien, de création d'évènements, de formation interne notamment aux technologies numériques, de déplacements en régions pour rassembler les femmes du ministère de l'intérieur en régions. L'association « Administration moderne » va porter notre parole.

Nous avons maintenant le projet de créer un annuaire intelligent des femmes au ministère de l'intérieur, par exemple une femme ayant travaillé en matière d'aide aux victimes ou ayant été en poste dans le Nord-Pas-de-Calais, mais c'est très difficile. Demeure par ailleurs la question de l'image des femmes : le regard porté sur ce monde associatif n'est pas favorable et l'on nous parle de réunions de « bonnes femmes ».

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