La question de la sécurité est au coeur de notre travail. C'est l'exemple des logiques qui enferment les femmes. Il est dit que les femmes sont faibles, en situation compliquée, et c'est uniquement lorsque l'on prétend les protéger que l'on s'occupe d'elles. Mais il est faux de dire que l'on s'occupe de sécurité pour les femmes, la sécurité est faite pour faire rentrer les gens chez eux, pas pour les femmes. Il faut faire très attention : les femmes sont utilisées comme outil pour justifier des politiques sécuritaires telles que l'installation de caméras.
Pour contrer cela, il est important de ressortir les chiffres : une femme ne sera pas forcément plus agressée qu'un homme dans l'espace public, elle a droit comme un homme à l'espace public.
Il est vrai que les femmes sont plus harcelées que les hommes, mais il y a un travail de sensibilisation à mener à tous les niveaux avec l'ensemble des actrices et des acteurs. Ce n'est pas en vain que nous avions lutté pour faire retirer l'article publié sur le site internet du ministère de l'intérieur : « Conseils faits aux femmes ». Ce texte, disparu en octobre 2014, conseillait aux femmes de ne pas indiquer leur statut de femme seule sur la boîte aux lettres, de mettre un judas, d'ajouter une chaînette à la porte. Et lorsqu'elles sortaient, il leur était conseillé de marcher d'un pas vif, de bien serrer leur sac sous le bras, de marcher dans le sens inverse du trafic. En gros, il était conseillé de rester enfermé chez soi, alors que les chiffres sur les violences sexuelles faites aux femmes démontrent qu'elles se déroulent essentiellement dans l'espace privé.
Or même les femmes les plus féministes que nous connaissons admettent moins s'inquiéter lorsque c'est leur fils qui sort le soir, plutôt que leur fille.