Vous représentez ici la recherche, les instituts techniques, et une bonne transmission des connaissances issues de ces recherches vers la pratique est indispensable : ce continuum est-il correctement assuré dans notre pays ? Y a-t-il, inversement, des retours du monde de la pratique vers la recherche, des échanges ?
Nous avons en effet le sentiment que les connaissances ne sont pas toujours bien exploitées : la réglementation ne prend pas en considération tout ce que l'on sait, les formations pratiques délivrées aux opérateurs, les matériels, la conception des abattoirs eux-mêmes ne sont pas toujours au niveau. Bref, on s'aperçoit que certaines choses ne marchent pas, alors qu'on dispose des connaissances et des compétences idoines.
Vous avez dit, madame Terlouw, que les animaux présentaient des réactions très différentes. Quiconque d'ailleurs a élevé des animaux le sait… Reste que ces animaux sont destinés à être abattus. N'est-il pas étonnant qu'on n'ait pas sélectionné des animaux et des modes d'élevage qui permettent que l'abattage se fasse le mieux possible ? L'animal ne veut pas être tué ; il va tout faire pour s'en sortir. Il est logique que les plus performants soient les plus difficiles à amener à l'abattoir. Est-ce que je me trompe, ou avons-nous laissé de côté le choix des races et des modèles d'élevage ? Dans ma région du Charolais, l'élevage se fait à l'air libre, les bêtes ne voient pas souvent de bonshommes… Arrivent un camion et trois personnes, ils réagissent immédiatement !
Je voudrais également vous entendre sur l'organisation géographique de l'élevage : les abattoirs sont en ville, et de plus en plus concentrés ; les animaux sont à la campagne, loin – et le moins que l'on puisse dire est que les conditions d'existence à l'entrée d'un abattoir et dans un pré sont assez différentes. N'y a-t-il pas là un problème ? L'a-t-on pris en compte ? Faut-il modifier les structures pour éviter ces grandes distances ?
S'agissant enfin de la souffrance et de la mise à mort, plus la souffrance est courte, mieux c'est. C'est une question délicate, mais à choisir, quel est le meilleur équilibre à adopter entre l'intensité de la douleur et la rapidité de la perte de conscience ?