Monsieur le rapporteur, l'animal est effectivement conçu pour survivre ; mais c'est aussi ce que l'on veut : il doit pouvoir se défendre. Les éleveurs ne veulent pas d'un animal totalement amorphe… Même à l'abattoir, ce ne serait pas souhaitable : les recherches ont montré que les animaux qui ont le moins peur de l'homme sont précisément ceux qui se font taper dessus le plus souvent, parce qu'ils n'avancent pas. Il faut donc trouver un juste équilibre.
Cet équilibre, on le recherche, et depuis longtemps : les éleveurs eux-mêmes, bien avant que des recherches formelles ne soient lancées, gardaient plutôt les animaux manipulables, et pas ceux qui étaient dangereux. C'est encore le cas : les directeurs d'abattoirs vous diront qu'il leur arrive parfois des animaux fous, et qu'il leur faut se débrouiller avec. Un animal trop dangereux et difficile à manipuler, on n'en veut pas, et on ne le fait pas se reproduire.
Des chercheurs – par exemple Alain Boissy, à l'INRA – s'intéressent depuis longtemps à ces questions. M. Le Neindre connaît d'ailleurs très bien ces travaux sur l'irritabilité et la réactivité ; il en a même été à l'origine, me semble-t-il. Une partie de ces traits de caractère sont héritables – la réactivité, mais aussi le comportement maternel chez les brebis, par exemple – et il est possible de s'en servir comme critère de sélection.