Claudia Terlouw a raison de souligner qu'il s'agit d'une question tout à la fois très simple et extraordinairement complexe, dont nous n'avons qu'une partie de la réponse.
Pour l'étourdissement post-saignée, il faut en effet trouver le juste équilibre entre le confort de l'animal et la simplification des gestes pour l'opérateur, mais on sait, dans certains abattoirs, pratiquer l'étourdissement dans les secondes qui suivent la saignée.
Reste la question de la méthode d'étourdissement. Pour les bovins, il existe des solutions plus acceptables, sachant que ces procédures potentiellement traumatisantes ne sont pas prévues dans le règlement européen.
En ce qui concerne l'étourdissement préalable, notamment dans l'abattage rituel, ce qui est autorisé peut varier d'une communauté à l'autre. Quelques abattoirs néo-zélandais utilisent l'électronarcose pour l'abattage rituel, mais la technique rencontre des limites techniques, liées à sa maîtrise ou à son coût, même si, à ma connaissance, certains abattoirs en France l'ont essayée.
Quant à l'étourdissement mécanique, tel qu'il est pratiqué en Malaisie, tout est question d'équilibre entre l'efficacité de l'étourdissement et l'absence de lésions. Mais, là encore, le matériel nécessaire n'est pas prévu dans la réglementation européenne et, par ailleurs, c'est une technique qui pose, elle aussi, la question de son acceptabilité par les cultes.
Quelle que soit la méthode envisagée, les enjeux ne sont plus uniquement scientifiques, puisqu'il est acquis que, si l'étourdissement est bien pratiqué, il limite la douleur ; c'est ce qu'il fait qu'il est obligatoire depuis plus de cinquante ans.
Reste la question de l'étourdissement réversible. Tout dépend ici de la manière dont on appréhende cette question de la réversibilité. Par ailleurs, on ne pourra jamais éviter les risques létaux sur une fraction des animaux : nous ne sommes pas dans la manipulation de boulons mais dans de la biologie…
En ce qui concerne l'étourdissement post-saignée, il faut parvenir à une maîtrise optimale du procédé, éventuellement grâce à une contention des animaux à l'envers – certains abattoirs maîtrisent cette technique et sont capables de pratiquer l'étourdissement dans les cinq à dix secondes suivant la saignée, le temps que l'animal soit remis en position.
Mais cela reste une question d'acceptabilité, et, au final, un choix politique dans lequel vous, parlementaires, avez votre mot à dire : on a coutume de dire en formation que la réglementation est la synthèse entre les attentes éthiques et sociétales et les connaissances scientifiques… C'est à vous qu'il revient de faire la synthèse !