Contrairement au représentant du groupe Les Républicains, je ne crois pas un instant à l'autorégulation : cela renverrait à une question de vertu ; or, comme le rapporteur l'a rappelé, la nature humaine n'a guère progressé depuis Platon.
Il faut donc des règles, et la première à mettre en oeuvre, comme cela se pratique dans les pays scandinaves, consiste à exiger une plus grande transparence ainsi que la publicité des rémunérations. Je suis persuadé que Philippe Varin et Michel Combes n'auraient pas renoncé aux montants pharaoniques qu'ils devaient percevoir au titre de leurs retraites chapeau et de leurs primes de départ, si ces sommes n'avaient pas été rendues publiques. Ce qui fait scandale, ce sont ces montants et les effets qu'ils produisent sur ceux qui sont pris dans des difficultés quotidiennes.
Évoquer le sujet constitue une première publicité. Mais les membres des conseils d'administration étant astreints au silence, personne n'ose en parler, ce qui est particulièrement grave. Trop rares sont d'ailleurs les administrateurs salariés siégeant dans ces cénacles ainsi qu'au sein de l'entreprise – la CFE-CGC les estime à 56 % – pour pouvoir influer sur ces rémunérations.
Ce phénomène n'est pas nouveau. Originaire d'une région de sidérurgie, je sais que les maîtres de forges ont longtemps perçu des rémunérations dont les montants sont difficiles à concevoir, y compris quand on les compare avec ce que perçoivent aujourd'hui certains grands patrons. Certes, il n'y a rien de nouveau sous le soleil, mais, si nous voulons que l'égalité progresse dans notre société, nous devons agir. Il faut donc plus de publicité, plus d'interventions des administrateurs salariés, et il faut également vérifier si des situations similaires ne prévalent pas dans les professions libérales, chez les footballeurs et chez les artistes, car le monde de l'entreprise n'a pas l'apanage de ces excès. Nous devons donc poursuivre ce débat utile et réguler ce qui doit l'être.