Intervention de François Zimeray

Réunion du 11 juillet 2012 à 10h00
Commission des affaires étrangères

François Zimeray, ambassadeur de France pour les droits de l'Homme :

S'agissant de Gaza et du Moyen-Orient, les droits de l'Homme ne se divisent pas : il n'y a pas des violations qu'il faille dénoncer et d'autres qu'il faille occulter, de même qu'il n'y a pas de bonnes victimes et de mauvaises.

La France a une position équilibrée, qui a pu varier dans le style, mais non sur le fond au sujet du conflit israélo-arabe. Du côté israélien, le sort réservé aux migrants nous préoccupe, notamment à la suite de certaines expulsions massives et de déclarations assez troublantes.

Il en est de même des questions liées au conflit avec Israël et à l'occupation de la Cisjordanie, ainsi que des querelles interpalestiniennes, qui sont porteuses de violations des droits de l'Homme assez féroces – le Hamas n'étant pas respectueux des droits fondamentaux, comme l'attestent certains cas d'exécution, de torture, de disparition forcée, de détention arbitraire ou de procès inéquitable. Sur les détentions arbitraires, notamment la détention administrative, nous avons aussi fait des remarques au gouvernement israélien.

Se pose également la question du droit des femmes, en particulier à Gaza, ou celui des homosexuels. Je me suis rendu deux fois à Gaza, avant et après le conflit, et j'y ai rencontré Richard Goldstone.

Je n'ai pas le sentiment que nous soyons partiaux : il n'est pas de violations des droits de l'Homme que nous ne sachions dénoncer, d'où qu'elles viennent. Mais il est vrai que la question des droits de l'Homme est souvent masquée derrière la question politique et a tendance à passer au second plan, ce qui n'est pas sans poser problème. La prééminence de la dimension politique dans ce conflit rend plus difficile l'évocation de ces droits, qui risquent d'être instrumentalisés. Si vous dénoncez les violations faites par le Hamas, vous risquez d'être accusé d'être pro-israélien et, réciproquement, de subir le reproche inverse si vous critiquez Israël ! Notre ambassade à Tel Aviv et notre consulat général à Jérusalem évoquent objectivement tous ces sujets avec nos interlocuteurs ; à cet égard, notre présence à Gaza est essentielle, même si cela est peu connu : je me suis rendu sur place dans notre centre culturel, lequel est un lieu de promotion des droits de l'Homme – je me souviens y avoir vu des femmes se dévoiler, y exprimer leur sentiment de liberté et échanger sur ordinateur.

Monsieur Cochet, mon action ne donne pas lieu à un rapport annuel, mais j'estime qu'un tel rapport – non sur les droits de l'Homme dans le monde, qui demanderait trop de moyens et pourrait donner lieu à critique, mais sur la défense de ces droits dans l'action extérieure de la France – serait justifié, car peu savent le travail que nous faisons. Si le Parlement nous le demande, je serais heureux de venir vous en rendre compte.

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