Intervention de François Zimeray

Réunion du 11 juillet 2012 à 10h00
Commission des affaires étrangères

François Zimeray, ambassadeur de France pour les droits de l'Homme :

Monsieur Rochebloine, je ne suis pas choqué qu'on ait reçu les dirigeants syriens ou Kadhafi – on continuera à recevoir des gens peu respectables, dans la mesure où il faut tenir compte des réalités si l'on veut espérer les faire changer ! Mais ce que je regrette, c'est que, les ayant reçus, on n'ait pas essayé de construire avec eux une politique de progrès sur les droits de l'Homme, alors que la situation commençait alors à évoluer en la matière, notamment en Libye. Human Rights Watch avait fait pour la première fois, en 2008-2009, un rapport critique sur la Libye – présenté dans un grand hôtel de Tripoli en présence de la presse libyenne – saluant un début d'amélioration de la liberté d'expression dans ce pays. Beaucoup des futurs révolutionnaires étaient présents et on aurait pu, à ce moment-là – où la Libye avait un désir de respectabilité et de normalisation de ses relations avec le monde –, saisir la main tendue, en revenant tous les trois mois sur place pour construire une politique des droits de l'Homme comme nous le faisons aujourd'hui, au travers de la formation d'avocats ou de magistrats ou d'une collaboration avec des journalistes.

S'agissant de la Syrie, les analyses dont nous disposions à l'époque nous laissaient penser que ce régime aurait pu évoluer autrement. Nous avons essayé une voie fondée sur le dialogue qui a échoué : il n'y a pas lieu après coup de le déplorer. A contrario, quand on opte pour la force, on nous reproche d'agir en matamores et de nous servir de la responsabilité de protéger pour mener des croisades sans donner suffisamment sa chance à la diplomatie. La politique de dialogue a un prix : mettre un peu l'esthétique, le narcissisme ou le romantisme dans sa poche !

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