Intervention de Michel Destot

Réunion du 18 mai 2016 à 9h15
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Destot :

Je suis de ceux, assez nombreux je pense, qui se réjouissent de la proposition du Président de la République de nommer M. Rémy Rioux à la tête de l'AFD, à la fois en raison de ce que nous avons entendu des objectifs qu'il propose de poursuivre, en raison de son profil « de synthèse » de Bercy au quai d'Orsay, du Bénin à Proparco, et surtout en raison de sa sensibilité et de son approche des problèmes, qui est plus stratégique et plus politique que technocratique. Pour moi, c'est très important.

Le Gouvernement a évolué d'une approche structurelle à une approche conventionnelle dans le rapprochement avec la Caisse des dépôts et consignations. Quelles en sont les conséquences ? Comment peut-on assurer la pérennité et l'augmentation des financements, aussi bien en matière de prêts qu'en matière de dons ? Comme vous le savez, nous sommes évidemment extrêmement attentifs à ce dernier point à l'occasion de chaque discussion budgétaire.

J'aborderai trois sujets.

Premièrement, s'agissant du conseil d'administration, je souhaiterais aller un peu au-delà de vos propos : comment assurer un meilleur équilibre entre la représentation des tutelles, représentées par les fonctionnaires, et la place qu'il faudrait accorder aux représentants des collectivités territoriales, des ONG et du monde économique ? Pourrait-on aller vers une structure avec P D G., ou êtes-vous favorable au maintien de la composition et de la structure actuelles ?

Deuxièmement, au plan stratégique, j'apprécie ce que vous avez dit sur votre volonté de conforter l'aspect bilatéral, sans qu'il soit évidemment question de renoncer à certains aspects multilatéraux. Mais un débat revient régulièrement sur les aides liées et non liées. Quelle est donc votre position, vous qui avez été affecté, au quai d'Orsay, à la diplomatie économique ? Pourrait-on adopter une attitude moins « candide » et plus conforme aux intérêts de notre pays ?

Et puis, comment peut-on à la fois s'assurer d'une coopération avec nos grands voisins – je pense à l'Allemagne et au Royaume-Uni – et évaluer, dans la nécessaire régulation qu'il peut y avoir entre les pays européens, la position de la France en matière de solidarité internationale dans le monde ?

Troisièmement, vous avez évoqué la question des ressources humaines. En tant qu'administrateur de l'AFD, je constate que des inquiétudes remontent régulièrement jusqu'au conseil d'administration. Et au dernier CA, les syndicats se sont manifestés pour savoir quel sera leur propre avenir.

Cela m'inspire deux observations.

La première concerne la pratique du bottom-up, c'est-à-dire la remontée des expériences de terrain. J'ai été moi-même en République démocratique du Congo et en Colombie, au Mali et au Burkina Faso, et j'ai pu me rendre compte de l'excellence de nos équipes. Mais elle ne remonte pas au conseil d'administration. Jamais les équipes ne rapportent devant les administrateurs. Ce n'est pas une bonne chose : si l'on veut faire revivre l'AFD, lui donner un sens, une vision, une ambition, il faut davantage de remontées du terrain.

Ma deuxième observation porte sur le parcours professionnel de certains salariés, qu'il convient d'assurer. De nombreux militants de la solidarité internationale, de la cause Nord-Sud au profit des pays les plus pauvres et les moins développés, sont rentrés. Ils ont tous vieilli et méritent de prendre des responsabilités. Je vois dans le rapprochement avec la CDC la possibilité d'évolutions de carrière au sein d'un groupe beaucoup plus vaste. Inversement, pour les agents de la CDC, ce serait la possibilité d'avoir une expérience internationale, ce qu'ils n'ont pas vraiment aujourd'hui.

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