L'AFD, dès sa création, a été dotée d'un pouvoir politique en matière d'aide au développement. Malheureusement, elle est parfois devenue le seul pouvoir politique en matière d'aide au développement. Il m'est arrivé de voir des ministres qui ne faisaient que lire les rapports de l'AFD, tant ils s'impliquaient peu dans ce que vous faisiez. Je me réjouis donc de votre arrivée à la tête de l'Agence. Je m'en réjouis d'autant plus que vous allez lui donner un nouveau souffle en disant clairement qu'il faut remettre en cause la dérive administrative, sortir du techno et définir une stratégie politique.
Vous avez parlé multilatéral et bilatéral. Il y a quelques années, j'avais fait un rapport d'information avec Nicole Ameline sur l'équilibre entre multilatéralisme et bilatéralisme. Mais que l'on parle bilatéral ou multilatéral, il ne faut pas négliger la lisibilité de notre action. Or actuellement celle-ci n'est pas suffisante. L'image « France » n'est pas suffisamment mise en valeur et on ne voit pas assez ce que nous apportons.
Vous avez parlé également d'une AFD partenariale, ce qui m'a fait plaisir ; cela m'a rappelé la période de Jean-Michel Severino et de Serge Michailov – pendant laquelle vous étiez d'ailleurs vous-même au conseil d'administration. Je me réjouis que l'on revienne à cette façon de faire, beaucoup moins technocratique, beaucoup moins administrative et beaucoup plus politique.
J'aimerais que vous développiez deux aspects.
D'abord, les aides déliées. C'est un point fondamental. D'autres pays sont très preneurs de l'aide au développement, mais ne sont surtout pas désintéressés des conséquences que peut avoir cette aide. La France doit, elle aussi, s'intéresser à ce que cette aide peut apporter à ses entreprises.
Ensuite, les coopérations décentralisées. Celles-ci génèrent beaucoup d'argent, mais sans cohérence. Il serait souhaitable que l'AFD intervienne, non pas pour donner des ordres, mais au moins faire en sorte que tout le monde ne se retrouve pas sur le même créneau. Il s'agit d'être complémentaire et d'être plus efficace.
Je terminerai sur deux remarques :
Premièrement, vous avez parlé des « clients » de l'AFD. Une banque a des clients, mais vous avez la volonté de faire en sorte que l'AFD ne soit pas qu'une banque. Donc, parlons de partenaires, mais ne parlons plus jamais de clients.
Deuxièmement, je voudrais vous féliciter pour votre curriculum vitae, qui ne comporte qu'une page, au lieu des 5 ou 6 pages habituelles : on ne sait pas avec qui vos enfants sont mariés, si vous avez le mérite agricole ou toute autre médaille. Mais on s'en fiche éperdument ! Ce que l'on retient, c'est que vous avez été administrateur de l'AFD, administrateur de Proparco, et qu'au ministère des affaires étrangères vous avez une vision mondiale de ce que peut être l'aide au développement.