Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, je vous remercie de votre invitation.
J'ai été bijoutier pendant quarante-cinq ans, à Sceaux, dans un centre-ville qui a beaucoup évolué au fil des ans et qui a fait ce qu'il fallait pour rester présent face aux centres commerciaux, comme Vélizy 2. Il a pu conserver sa clientèle grâce à la qualité de ses commerçants et à celle de l'accueil, qui est primordial pour fidéliser les clients.
Le Conseil du commerce de France est une organisation qui rassemble toutes les fédérations du commerce, de la grande distribution au commerce indépendant de centre-ville, dans le domaine de l'équipement de la personne et du foyer. Toutes les formes de commerce sont représentées au conseil d'administration du CdCF.
Nous sommes aussi présents dans les territoires. Nous nous occupons des centres-villes, des zones rurales, des périphéries, d'internet, et nous représentons toutes les structures juridiques du commerce : commerçants indépendants isolés, commerçants associés, franchisés.
Le rôle du CdCF est de promouvoir et défendre le commerce en travaillant avec le Parlement et les acteurs locaux.
Nous veillons à la bonne et juste prise en compte des intérêts du commerce dans la mise en oeuvre des politiques. Nous sommes là pour expliquer ce qu'est le commerce et ce qu'il représente en termes d'emploi : 790 000 entreprises, 3,5 millions d'emplois. Le commerce est une force importante, parfois méconnue en tant qu'intégrateur social. Nombre de collaborateurs n'avaient pas de diplôme lorsqu'ils ont obtenu leur premier emploi. Le commerce forme les jeunes et essaie de les conserver dans ce secteur au moyen de promotions internes.
Le rôle du Conseil du commerce de France est de nous faire connaître des pouvoirs publics, via nos outils de communication, nos manifestations, nos états généraux. Le groupe de liaison Parlement-Commerce s'est réuni hier dans un appartement de l'hôtel de la Questure, où une trentaine de parlementaires ont suivi un débat fort intéressant sur la sécurité dans les villes. Nous sommes présents dans tout ce qui a trait au commerce et aux commerçants.
Pour répondre à la demande de certains élus, nous avons édité le Guide du commerce de centre-ville. Monsieur Bernard Morvan, qui l'a élaboré avec nos équipes, qui vous en parlera tout à l'heure. Sa première qualité est d'expliquer ce que sont les bonnes pratiques, mais, puisque nous sommes des commerçants, je laisserai à M. Bernard Morvan le soin de vous vendre ce guide ! (Sourires.)
Je reste persuadé que l'avenir du commerce appartient d'abord aux commerçants. Bien sûr, il faut que les pouvoirs publics nous aident à mettre en scène la ville, mais la réussite du commerce appartient aux commerçants.
Il y a deux types de commerces : le commerce organisé et le commerce indépendant. Le commerce indépendant a une force : c'est un commerce agile car il doit s'adapter en permanence. Il est tenu par un commerçant qui connaît ses clients qui, eux-mêmes, connaissent leur commerçant. Ce sont des relations personnalisées.
Cela étant, il faut que le commerçant et la ville s'adaptent aux évolutions des clients. Dans ma bijouterie, j'ai toujours rêvé d'avoir peu de clients et de les recevoir sur rendez-vous, mais il faut être présent, à leur écoute. Un commerçant doit écouter les critiques de ses clients, car c'est grâce à ces critiques qu'il pourra évoluer et mieux tenir son rôle.
Notre guide est un mode d'emploi efficace. Pour faire évoluer le commerce, quelle que soit la taille du centre-ville, il faut s'appuyer sur un dialogue constructif et permanent avec les élus locaux, les chambres consulaires, les commerçants et les associations de commerçants.
Le commerce repose sur trois piliers, voire quatre. Il repose sur les associations de commerçants, la municipalité, les chambres de commerce, ainsi que sur le talent des commerçants et leur volonté d'être en phase avec leurs clients.
Le commerçant indépendant a beaucoup de « casquettes » dans son entreprise. Il trouve parfois que les clients le dérangent parce qu'il était en train de faire ses comptes, par exemple, mais, dans un commerce, le client est la personne la plus importante.
Il faut renforcer les associations de commerçants et faire en sorte d'avoir, dans chaque ville, chaque fois que c'est possible, un manager de centre-ville qui soit la courroie de transmission entre la municipalité et les commerçants. C'est l'homme à qui l'on va dire ce que l'on n'ose pas dire au maire ; c'est l'assurance d'une écoute permanente. Il faut également une politique globale d'aménagement de la ville visant à la mixité urbaine.
On a, au siècle dernier, construit trop de centres-villes à la campagne. Ensuite, on a reconstruit des centres-villes en chassant les habitants des villes, parce que les loyers étaient chers et qu'il n'y avait pas assez d'habitations. Le commerce de centre-ville fonctionnera s'il conserve des clients au plus près des commerçants.
Il faut aussi essayer de penser les centres-villes comme des centres commerciaux en plein air. Tout n'est pas rose dans les centres commerciaux, mais ils ont un savoir-faire pour attirer le client – je pense notamment aux parkings. Le client, lui, va où il veut. C'est donc le même qui, un jour, fréquente les centres commerciaux, le lendemain, les centres-villes. De la même façon, il tapera le code de sa carte bancaire chez le commerçant de son choix. On n'éduque pas le consommateur : on le conseille, on l'assiste, on est à l'écoute de ses besoins. Tel est le rôle du commerçant.
Au Conseil du commerce de France, nous sommes très préoccupés par les difficultés que connaissent certains centres-villes. Aujourd'hui, tout le monde est d'accord pour effectuer un diagnostic des centres-villes et essayer de faire progresser les commerces de proximité. Voilà le message que je voulais vous faire passer.