C'est par le biais d'un projet qu'on donnera envie aux commerçants d'innover et d'investir. Si le commerçant ne sait pas où va le centre-ville, il n'y investira jamais. Avant tout, il y a le projet. Mais le projet de centre-ville, ce n'est pas seulement faire un centre commercial à ciel ouvert, c'est aussi mettre en place un volet « commerces », un volet « services » et un volet « habitat ».
La protection du centre-ville est un autre élément essentiel. Si les CDAC ne régulent rien, c'est que, dans les documents d'urbanisme que sont les PLU et les SCoT, il y a une très faible volonté d'utiliser leur rôle régulateur. Dans les travaux que nous menons sur les volets « commerces » de SCoT, nous nous demandons s'il est bon d'imposer des règles. Car dans ce cas, le taux de concrétisation en CDAC est bien moindre. Je rappelle que les évolutions législatives ont donné au SCoT un rôle intégrateur en matière de commerce.
À mon avis, les difficultés que nous avons, lorsque nous travaillons sur des volets « commerces » de SCoT, à faire accepter des mesures qui permettraient de réguler, et donc, de protéger les centres-villes, ne sont pas toujours dues aux règles qui nous sont imposées, mais à l'utilisation que l'on en fait. Il y a là un enjeu essentiel.
Les évolutions législatives ont transformé le document d'aménagement commercial (DAC) en document d'aménagement artisanal et commercial (DAAC), mais, ce faisant, elles l'ont rendu facultatif. La faculté de ne pas faire rend aussi moins prégnante la question de la régulation au niveau territorial.
Pour rester dans le domaine réglementaire, nous avons, au-delà de l'outil SCoT, l'outil PLU. Lorsque j'assiste une collectivité pour l'élaboration d'un PLU, je constate que la tendance est de rajouter des règles en coeur de ville et de les alléger en périphérie, non seulement en matière de commerce, mais dans l'ensemble des secteurs. Si on veut que le coeur de ville fonctionne, il faut alléger les règles au niveau du PLU pour favoriser l'investissement. Ne fixons pas de règles supplémentaires là où l'on aimerait voir venir l'investisseur.
Quant aux zones franches urbaines, c'est un sujet fiscal important. Les centres-villes ont aujourd'hui les mêmes caractéristiques en termes de population et de paupérisation que nos zones urbaines sensibles.
J'en arrive à la question de l'innovation.
Outre la formation, il y a la question du coaching individuel des commerçants. Ce qu'attend le commerçant, c'est qu'on vienne dans sa boutique réfléchir avec lui, non pas aux grands principes de merchandising ou de développement, mais à la façon de l'aider à évoluer. Certes, il y a une crise économique, mais, à mon avis, la crise économique joue seulement – si j'ose dire – un rôle amplificateur par rapport au changement de modèle commercial.
Si l'on pense que la crise économique est responsable de tout, on met la tête dans le sable et on attend que ça passe. Je crois, au contraire, qu'il faut comprendre qu'il s'agit d'un changement de modèle et trouver les moyens d'accompagner individuellement les commerçants. Le financement de l'accompagnement individuel des commerçants, au-delà de la question de la formation, est un vrai sujet dont il faut se saisir et dont les chambres de commerce doivent aussi se saisir.
Le commerce en ligne est-il un atout ou une menace pour les centres-villes ? Je pense qu'il peut s'agir d'un réel atout, à condition de faire évoluer le modèle commercial et de connecter les centres-villes. Le wi-fi dans les centres-villes peut être une très bonne chose !