Intervention de Harlem Désir

Séance en hémicycle du 25 mai 2016 à 15h00
Débat sur la mise en oeuvre du plan juncker de soutien à l'investissement au sein de l'union européenne

Harlem Désir, secrétaire d’état chargé des affaires européennes :

Vous avez raison, monsieur le député : la politique de la BCE, qualifiée de quantitative easing ou d’assouplissement quantitatif, consistant en des injections de liquidités, a aussi fortement contribué à la reprise économique et au retour de la croissance en Europe. Indirectement, vous vous demandez si cela ne contribue pas également à la constitution de bulles financières.

Évidemment, il faut être attentif à cet aspect. La BCE l’est vigilante et un certain nombre de décisions ont été prises, suite à la crise financière, pour lutter contre les risques de nouvelles crises : la surveillance bancaire a été renforcée – c’est tout l’objet de l’union bancaire – et des freins de secours ou des outils d’intervention, comme le Mécanisme européen de stabilité ; que je viens d’évoquer, ont été mis en place.

Il reste nécessaire de soutenir le crédit. Ainsi, en plus du plan Juncker, qui a une vocation particulière – soutenir les projets les plus risqués –, il a fallu procéder à des injections de liquidités pour que les banques recommencent à prêter davantage, et à de meilleurs taux, aux entreprises et aux ménages. Nous avions aussi souhaité que le taux de change soit plus favorable à nos exportations, que l’euro baisse par rapport au dollar ; cette politique de la BCE y a contribué.

Je ne sais pas si votre proposition – un quantitative easing citoyen, avec des liquidités versées directement aux ménages – répond à la situation. Car il y a un autre débat, à propos de ce qu’on appelle la « monnaie hélicoptère » – j’ignore si c’est à cela que vous faisiez référence. Pour consolider encore plus le redémarrage économique, la BCE ou d’autres banques centrales devraient-elles distribuer de l’argent aux ménages ou aux citoyens ? Les économistes en débattent mais ce n’est vraiment pas d’actualité. Cela n’a jamais été fait, cela risquerait de déstabiliser l’économie de façon totalement imprévisible. Il existe d’autres outils de redistribution pour améliorer le pouvoir d’achat et favoriser les investissements des ménages.

Nous soutenons donc la politique de la BCE, en complément, évidemment, du plan Juncker.

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