Intervention de Paul Giacobbi

Séance en hémicycle du 25 mai 2016 à 15h00
Débat sur la mise en oeuvre du plan juncker de soutien à l'investissement au sein de l'union européenne

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Giacobbi :

Nous parlons d’économie, c’est-à-dire de l’allocation des ressources pour optimiser la satisfaction. Nous parlons de crise, c’est-à-dire de la destruction massive de valeurs artificiellement gonflées précédemment, comme c’est arrivé en 2007.

On a alors lutté contre ce phénomène en injectant dans le système financier des milliers de milliards d’euros – plusieurs milliers de milliards d’euros à l’échelle de l’Union européenne et peut-être 15 000 milliards d’euros à l’échelle du monde –, avec des taux d’intérêt nuls, voire des taux réels négatifs. Cette politique a compensé la destruction de valeurs mais, comme elle ne donnait pas d’effets sur la croissance réelle, on est allé tellement loin que l’on a recréé des bulles spéculatives. Aujourd’hui, la situation est comparable à celle de 2007, voire plus grave à certains égards.

Alors que l’on continue à pratiquer le quantitative easing, qui s’adresse au système financier et, en réalité, gonfle les valeurs spéculatives – je n’entre pas dans les détails –, il est question ici d’un plan budgétaire.

Ma question est simple. Ne peut-on pas allouer la base monétaire, qui continue à être massivement créée, à l’investissement financé par le recours à l’emprunt ? Ce serait un outil approprié – il ne s’agit pas d’une distribution de monnaie par hélicoptère. D’ailleurs, la BCE et M. Draghi y pensent très sérieusement, dans le cadre d’un projet qui concernerait les PME. L’instrument apparaît d’autant plus pertinent que le financement de l’investissement des entreprises, en Europe, s’effectue très majoritairement par le système bancaire, alors qu’aux États-Unis, à l’inverse, il passe pour l’essentiel par l’appel public à l’épargne, ce qui crée une situation très différente.

L’idée du plan Juncker est excellente, cela va sans dire. Mais nous avons, d’un côté, une ressource immense, la création monétaire, que l’on n’affecte pas à l’investissement, ou, en tout cas, que l’on hésite à affecter à l’investissement, préférant gonfler la bulle spéculative, et, de l’autre côté, une ressource budgétaire extrêmement rare, que l’on affecte très partiellement à l’investissement.

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