Intervention de Samir Hariche

Réunion du 10 mai 2016 à 16h45
Commission des affaires européennes

Samir Hariche, directeur de la mission locale de Bondy :

Je vous remercie d'organiser cette table ronde, car il me semble très important de permettre à des jeunes d'exprimer leur point de vue à d'autres interlocuteurs que leurs interlocuteurs habituels que sont les professionnels au niveau local. Les jeunes sont très souvent éloignés des institutions, et cette rencontre est l'occasion idéale de les entendre et de leur témoigner du respect.

La mission locale de Bondy accompagne chaque année 2 000 jeunes dans leur parcours d'accès à l'emploi et à la qualification. Par rapport aux outils qui nous sont généralement proposés, la Garantie jeunes a été pour nous l'occasion d'ouvrir le champ des possibles. Depuis 2013, plus de 400 jeunes sont entrés dans le dispositif. Nous en avons désormais une certaine expertise, ce qui n'empêche pas de le renouveler chaque année, de le réinventer en fonction de ce qui marche et de ce qui ne marche pas. C'est un dispositif vivant et qui fonctionne : pour les publics les plus en difficulté, nous obtenons de bons résultats, supérieurs à la moyenne, alors que notre public est très en difficulté.

Non seulement le dispositif fonctionne en Seine-Saint-Denis, mais il constitue un message fort de la part des institutions : au sommet de l'État et d'institutions lointaines comme celles de l'Europe, les jeunes restent une priorité en leur proposant encore des choses nouvelles. Forts de ce gage d'intérêt, nous pouvons travailler avec ces jeunes sur la confiance en eux-mêmes.

L'un des éléments fondamentaux de la jeunesse à ne pas perdre de vue est l'espérance, et la Garantie jeunes peut permettre à certains jeunes de renouer avec celle-ci. Elle peut également avoir le même effet sur les professionnels : face à une vague de mauvaises nouvelles, renouveler un champ d'expertise, en tentant des choses différentes, s'avère particulièrement redynamisant. Les jeunes que nous avons envoyés en stage à Galway, par exemple, ont, à leur retour, trouvé un travail, parfois une vocation. Surtout, ils ont retissé un lien avec la société, l'entreprise, et même avec la famille, qui souffre de son jeune en difficulté. C'est une dynamique qui est impulsée : l'espérance renaît dans la tête du jeune soutenu par un groupe de professionnels, qui eux-mêmes réinventent leur métier, et rejaillit sur son environnement.

Pour ce qui est des résultats, à la mission locale de Bondy, nous dépassons les 60 % de placements emplois, les relations partenariales ont été démultipliées, un nombre très important de professionnels s'occupe de ces jeunes, des entreprises s'associent à cette dynamique, et des politiques au niveau local s'investissent dans l'insertion sociale et professionnelle des jeunes, laquelle est désormais au coeur des préoccupations politiques. Dans ce domaine, tout est à faire, mais nous avons des résultats concrets, sans compter que nous avons encore des possibilités – et la Garantie jeunes en fait partie.

Je ne crois pas au discours ambiant sur la concentration des moyens. Les artisans que nous sommes ont plutôt besoin d'autres outils supplémentaires et complémentaires pour confectionner le meilleur ouvrage d'insertion professionnelle des jeunes possible. La Garantie jeunes nous a apporté de l'espoir : elle a créé une nouvelle dynamique dans des métiers du secteur social soumis à une usure, une sédimentation des pratiques ; elle nous a donné un argument pour remettre en mouvement la trajectoire des 40 % à 50 % de jeunes pour lesquels le dogme du projet professionnel ne suffit pas à résoudre la problématique de l'inertie dans le parcours. Alors que le projet professionnel procède de l'inventaire de ce qui n'a pas fonctionné – l'école, le diplôme, l'expérience –, la Garantie jeunes se fonde sur le principe inverse : on voit avec le jeune ce qu'on peut faire ensemble, ce qu'on peut capitaliser, et c'est l'expérience qui lui donnera envie, en étant confronté à la réalité, de travailler un projet professionnel. Dans la Garantie jeunes, la priorité est donc l'immersion, et non le projet professionnel.

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