Intervention de Marcel Grignard

Réunion du 10 mai 2016 à 16h45
Commission des affaires européennes

Marcel Grignard, président de Confrontations Europe :

Mon propos tranchera un peu avec les témoignages. Confrontations Europe a essayé de voir en quoi les dispositifs actuels répondent ou non aux objectifs que se donne l'Union européenne, et quelles améliorations sont nécessaires. Nous retirons des témoignages que nous avons entendus – ici, à Sarcelles ou à Bondy, des échanges que nous avons eus avec les élus locaux et des collègues d'autres régions européennes –, que la garantie jeunes est un bon dispositif, adapté aux jeunes les plus en difficulté. Il ne s'agit pas d'un simple guichet ; cette garantie jeunes permet la mise en place effective de mécanismes d'insertion.

Il n'en reste pas moins que, comme pour tout dispositif visant ce type de public, la grande difficulté est de s'adresser aux jeunes directement concernés. Et cela durera tant que le maillage des acteurs au contact de ces jeunes ne sera pas plus serré. De même, le lien avec les entreprises doit être renforcé. Certes, l'insertion professionnelle n'est pas l'objectif premier, mais elle ne se fera pas si les entreprises ne sont pas davantage motivées sur ces enjeux. Les responsables politiques locaux jouent, à cet égard, un rôle majeur pour animer et structurer les réseaux.

Au vu des expériences de Sarcelles et Bondy, la question de moyens des mi ssions locales – en ressources humaines et financières – se pose. Les missions locales sont souvent amenées à faire des avances financières, mais comment est-ce possible lorsque leur propre situation financière est précaire ? L'enjeu est majeur.

Pour l'ensemble des dispositifs, un vrai problème de valorisation subsite. Les démarches intéressantes, qui fonctionnent et sont validées par les jeunes – même quand ils en soulignent les difficultés – ne sont pas assez valorisées. Elles sont aussi insuffisamment resituées dans une perspective globale : nous n'étudions pas suffisamment la manière dont les mêmes dispositifs sont mis en oeuvre dans d'autres territoires européens. Une telle comparaison nous permettrait de voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, et ainsi d'améliorer nos propres systèmes sans attendre les analyses et le benchmarking des services de la Commission européenne.

En matière de mobilité, Erasmus + est un facteur majeur de démocratisation. On ne le dit pas assez, c'est un formidable moyen d'investissement dans le capital humain. Or cet investissement est absolument crucial pour l'Europe, qui doit aborder la difficile mutation du numérique. Les besoins de formation sont considérables et excèdent les seules compétences strictement numériques : des compétences transversales sont aussi extrêmement importantes, et la mobilité européenne est un facteur important d'acquisition de ces compétences – dispositifs européens comme Erasmus + ou le service civique européen.

L'Union européenne a trop l'habitude de traiter les problèmes « en silo ». Il ne peut y avoir des politiques en faveur de l'insertion, de la lutte contre la pauvreté ou de l'acquisition des connaissances et, de l'autre, le refus d'allouer les moyens nécessaires aux expériences de mobilité. Un tel cloisonnement laisse inexploité un potentiel considérable alors qu'il faudrait le financer.

Par ailleurs, si les autorités administratives ou politiques ne dédient pas, dans les lycées, les missions locales et les collectivités, des personnes à ces questions de mobilité, les jeunes ne pourront pas être informés sur les possibilités qui leur sont offertes et ne parviendront pas à dépasser les obstacles auxquels ils seront confrontés dans leurs démarches.

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