Intervention de Samir Hariche

Réunion du 10 mai 2016 à 16h45
Commission des affaires européennes

Samir Hariche, directeur de la mission locale de Bondy :

La question des moyens doit certes être abordée, mais les missions locales disposent de ressources et de compétences que l'on ne retrouve nulle part ailleurs et qui peuvent être utilement mobilisées dans le cadre de politiques publiques très ambitieuses. En la matière, l'État nous a fait assez régulièrement confiance, et personne n'n conteste l'efficacité.

Pour autant, s'agissant de la Garantie jeunes, le compte n'y est pas, car certaines difficultés sont liées au cahier des charges du dispositif. Je suis ravi que la mission locale de Bondy ait été la première à le lancer en Seine-Saint-Denis ; mais c'était en 2013 et, depuis, certains défis sont encore devant nous. Il est nécessaire de convaincre le monde économique de se mobiliser. Nous mettons les entreprises au coeur du dispositif, en leur demandant des parrainages, mais cela demande beaucoup de temps et d'investissement dont nous ne disposons pas toujours. De plus, nous avons besoin de locaux. Les collectivités locales peuvent parfois nous aider, mais elles sont soumises à des considérations de coût, de disponibilité et d'engagement. Une convention Garantie jeunes n'a pas la même temporalité qu'un bail ; si vous vous arrêtez au bout de deux ans, cela peut mettre les structures en difficulté. Nos responsables politiques sont parfaitement rationnels ; ils évaluent les risques avant de prendre une décision, et cela peut constituer un frein insurmontable.

Il faut également accompagner de très nombreux jeunes dans des métiers nouveaux, ce qui nécessite du personnel et demande parfois de réviser nos procédures et nos outils. Tout cela a un impact sur nos structures.

Le manque de moyens humains et financiers peut constituer un obstacle absolu à la généralisation de la Garantie jeunes. Nous savons que le dispositif fonctionne, mais l'enjeu est maintenant de sortir de l'expérimentation et d'assurer l'équité de traitement sur tout le territoire. La Garantie jeunes doit être ouverte sur tout le territoire national, au risque qu'une offre asymétrique provoque une migration des publics concernés.

La Garantie jeunes fonctionne parce que nous réinventons le métier et les méthodes, sans être enfermés dans un carcan : nous pouvons expérimenter. Nous avons, par exemple, organisé des séjours à l'étranger et la visite de la Commission européenne a permis de rapprocher les jeunes de leur condition de citoyen et des institutions. Nous travaillons aussi sur tous les obstacles auxquels les jeunes sont confrontés ; le travail de groupe permet de donner des priorités et travailler de façon concrète – et un peu atypique – pour lever tel ou tel obstacle.

Si beaucoup a déjà été fait, en réalité tout reste à faire. Il y a aujourd'hui assez d'énergie dans les territoires et dans les structures pour transformer l'eau en vapeur, et pour qu'une véritable dynamique se mette en place dans l'ensemble du pays. Bien sûr, le dispositif ne peut pas concerner toute la population d'une mission locale. Les jeunes pour lesquels cette proposition d'accompagnement sera mise en place doivent être bien identifiés, mais encore faut-il que tous ceux auxquels elle pourrait être utile puissent y accéder.

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