Je fais partie des six personnes qui ont rédigé le Livre blanc de 2006. C'est notre seul corps de doctrine et il faut évidemment le mettre à jour. Cela dit, j'invite la Commission d'enquête à regarder les scénarios envisagés dans ce Livre blanc : ils sont très voisins des faits qui se sont déroulés l'an dernier.
La création de la communauté du renseignement à la suite du Livre blanc de 2008 a été une sorte de Big Bang. Ce Big Bang comportait deux données d'entrée dont nous souffrons encore : la fusion de la DST et des RG et le statut la gendarmerie. Le groupe de travail n'a pas évoqué ces deux sujets car le Président de la République avait pris sa décision. La gendarmerie a essayé de faire procéder à un contre-arbitrage, mais la décision a été maintenue de la sortir du premier cercle.
Je considère que le renseignement de proximité devrait être intégré dans le premier cercle. Par ailleurs, s'il a été décidé de faire de la DGSE la plateforme technique principale de la communauté du renseignement, le modèle de base pour la coordination évoqué par certains membres du groupe de travail était le modèle britannique avec, au sein du Cabinet Office, un pouvoir d'arbitrage sur la planification des moyens des services et non un rôle stratégique de conduite des opérations. Cette option n'a pas été retenue mais elle peut être ressuscitée. Enfin, il nous manque, également sur le modèle britannique, plus voisin du nôtre que le système américain, un Joint Intelligence Committee (JIC), c'est-à-dire un organe de pilotage stratégique. Nous ne l'avions pas envisagé à l'époque car il faut pouvoir marcher avant de courir et nous n'avions pas alors de communauté du renseignement.