En 1990 a été créé Tracfin, qui a recensé l'an dernier 46 000 déclarations de soupçon – dont certaines concernent le financement du terrorisme –, avec une croissance annuelle d'environ 20 %. Face à une organisation telle que l'État islamique, il faut penser en dehors des codes. De ce point de vue, les exemples américains et britanniques sont intéressants. En visitant l'Office of Foreign Assets Control (OFAC), l'équivalent américain de Tracfin, avec beaucoup plus de moyens, j'ai pu me rendre compte, sur le traitement technologique du renseignement, non seulement d'une différence d'échelle mais quasiment d'une différence de nature.
Une grande partie du renseignement européen en matière financière est opérée aujourd'hui dans le cadre d'un protocole d'échange entre l'Union européenne et les États-Unis, le Terrorism Finance Tracking Program (TFTP), qui a donné lieu à plus de 3 600 pistes d'enquête ces deux dernières années.
Le Joint Money Laundering Intelligence Taskforce (JMLIT), en Grande-Bretagne, est une façon de penser innovante qui mêle opérateurs publics et privés, en particulier les établissements bancaires, au sein d'une même unité. En France, le projet de loi Sapin sur le renforcement des moyens de lutte contre le blanchiment comporte des dispositions pour renforcer les liens entre les deux secteurs.
S'agissant de la technologie, les investissements, aux États-Unis, se chiffrent en plusieurs dizaines de milliards de dollars. Nous ne sommes pas démunis en France, nous avons de très gros opérateurs de la défense ; l'utilisation du big data pourrait être un facteur de développement important pour notre industrie, notamment dans la sécurité et la lutte contre le terrorisme.