Je vous remercie, monsieur le président, pour ces propos célébrant la date commémorative de l'abolition de l'esclavage dans notre pays. J'ai une pensée particulière pour le premier Vlody identifié : il s'agit d'un esclave affranchi à Sainte-Suzanne en 1848 et qui se trouve être mon arrière-arrière-grand-père. Je compte parmi mes ancêtres des Malgaches et des esclaves indiens ; par ailleurs, tous les Payet de La Réunion proviennent de la commune de Saint-Priest-la-Roche, située dans la région de Lyon. Cela constitue un bel exemple de la mixité de nos territoires.
Les champs d'intervention de ma mission sont très vastes et revêtent une dimension multipolaire. À l'origine de bien des problèmes rencontrés se trouve la réalité de nos territoires français de l'océan Indien – La Réunion et Mayotte –, et des Caraïbes – la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. Nous ne parlons donc pas des territoires d'outre-mer (TOM), ni de l'ensemble de l'outre-mer français, mais des régions et départements français d'outre-mer.
La question posée est la suivante : comment réussir une meilleure insertion de ces territoires dans leur espace géographique ? Comment mieux insérer La Réunion et Mayotte dans l'océan Indien, et comment mieux insérer la Guadeloupe et la Martinique dans l'espace caraïbe et sud-américain ? Les divers thèmes portent sur l'économie, l'exportation, la problématique de la connectivité, aérienne, maritime et numérique, sur la circulation des personnes, particulièrement dans le domaine des visas pour la Guyane et Mayotte, ainsi que sur les échanges, qu'ils soient sanitaires, culturels ou universitaires.
Une des données de la problématique est que ces régions sont ultrapériphériques de l'Europe ; ce sont les territoires les plus éloignés d'un centre. À ce titre, nous bénéficions de dispositions particulières, que ce soit le document unique de programmation (DOCUP) pour l'Europe ou les dispositifs nationaux : tous ont pour objet d'organiser de meilleures conditions de développement économique et social. Toutefois, nous demeurons des espaces périphériques de la France et de l'Europe : comment faire pour que ces régions deviennent des centres dans l'espace qui est le leur ?
Comment la France doit-elle s'appuyer sur ces territoires pour s'insérer dans ces espaces géographiques ? C'est là le coeur de ma mission ; pour l'heure, je laisse en friche la question du vocabulaire qui, toutefois, est importante, car il ne s'agit pas d'intégrer ni de rayonner, mais d'insérer nos territoires pour que la politique de notre pays puisse être conduite à partir d'eux. Cela doit être réalisé en cohérence et en complémentarité ; cependant, nous avons parfois l'impression que les politiques nationales sont menées à l'envers, voire contre nos régions. Lorsque l'on est réunionnais, mahorais, guadeloupéen, martiniquais ou guyanais, on a souvent le sentiment que la France mène une politique de relations avec les États allant à l'encontre de nos intérêts.