Vous avez, Excellence, évoqué l'impact du terrorisme sur la Tunisie. La commission des attentats a certes été aiguisée par l'instabilité qu'a connue le pays, mais le terrorisme islamiste était déjà présent à ses portes, en raison de la déstabilisation de la Libye et de la guerre civile en Algérie. Tous les pays musulmans sont touchés par une vague terroriste liée au courant islamiste. Vous avez évoqué des solutions associant volet sécuritaire et développement social. Mais dans une Tunisie qui a pour particularité d'être le seul pays musulman où l'égalité de droits entre les hommes et les femmes est parfaite, et l'un de ceux qui, depuis son indépendance, a choisi l'émancipation de la société, la question ne devrait-elle pas être posée de la place de la religion ? La Tunisie veut démontrer, avez-vous dit, que l'islam est compatible avec la démocratie ; cela est fort probable, puisqu'en France de nombreux musulmans vivent dans la démocratie et veulent la défendre. Mais un État peut-il lutter contre ce courant terroriste sans se poser la question de la séparation légale de l'État et du fait religieux, lequel relève de la sphère privée ? N'est-ce pas l'une des clés nécessaires à la stabilisation de la démocratie face à un courant que sa composante religieuse et ses projets politiques rendent particulièrement pernicieux ?