Intervention de Mohamed-Ali Chihi

Réunion du 27 avril 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Mohamed-Ali Chihi, ambassadeur de Tunisie en France :

Ce grave sujet préoccupe l'ambassade et nos services consulaires en France. Nous estimons que les binationaux franco-tunisiens représentent 60 % des quelque 740 000 Tunisiens résidant en France. Ayant été pendant cinq ans consul général à Marseille, j'ai eu des contacts permanents avec les leaders de la communauté des Tunisiens vivant en France et j'ai eu connaissance de leurs problèmes de formation et de radicalisation. Le point positif est que la radicalisation ne concerne que très marginalement les Franco-Tunisiens : on ne voit pas véritablement de Tunisiens radicalisés. Cependant, nous sommes conscients du danger. Aussi, depuis ma prise de fonctions à l'ambassade, avons-nous repensé nos relations consulaires avec les binationaux, en leur imposant de se considérer comme Français avant d'être Tunisiens. Nous avons engagé des actions culturelles et de formation pour les enfants et les jeunes gens, en mettant en exergue le fait qu'ils doivent réussir en tant que Français pour aider par la suite leur pays d'origine.

À cette fin, nous avons engagé l'an dernier, à Aubervilliers, une action spectaculaire : des étudiants tunisiens et franco-tunisiens des grandes écoles dispensent volontairement des cours de soutien scolaire – car, nous le savons, l'échec scolaire est un facteur déterminant de radicalisation et de délinquance. C'est ainsi que le mercredi après-midi, le samedi et le dimanche, 320 élèves viennent suivre dans le centre que nous avons aménagé des cours de mathématiques, de physique, de chimie et aussi de français, d'anglais et de sciences naturelles. Nous avons obtenu de très bons résultats : alors que notre objectif était de rehausser de deux points la moyenne générale des notes des élèves concernés, elle l'a été du double. Aussi entendons-nous généraliser cette initiative partout en France, en nous appuyant également sur les femmes qui ne travaillent pas et qui peuvent, elles aussi, contribuer à la formation des enfants – nous avons créé de nombreux clubs à cet effet. Nous invitons à venir s'exprimer des personnalités françaises d'origine tunisienne et franco-tunisiennes qui ont réussi, qu'ils soient hauts responsables de grands groupes, universitaires éminents ou chercheurs. Avec l'aide de think tanks, nous les présentons aux jeunes en faisant valoir que c'est d'eux qu'ils doivent faire leurs modèles et non de trafiquants de drogue ou de footballeurs, et en insistant sur le fait que, par l'éducation, ils peuvent très bien réussir en France et, par ce biais, aider la Tunisie. Nous leur faisons apprendre à chanter et à respecter La Marseillaise et avec elle les valeurs de la République. Un entrepreneur français d'origine tunisienne peut faire connaître en Tunisie le groupe qu'il a créé, investir dans le pays et, d'une manière générale, contribuer au développement des relations bilatérales.

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