Intervention de Mohamed-Ali Chihi

Réunion du 27 avril 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Mohamed-Ali Chihi, ambassadeur de Tunisie en France :

Tous les pays démocratiques se heurtent à la difficulté que vous avez évoquée : aucun ne peut mettre en cause le verdict des urnes. Si un parti arrive au pouvoir régulièrement, ce sont les règles du jeu démocratique. Je précise qu'en Tunisie, le parti islamique Ennahdha, qui est au pouvoir, est loin d'être un parti vraiment radical : étant donné ses prises de position, il serait, dans un autre pays, considéré comme un parti laïque.

En ce qui concerne la jeunesse, le même problème vaut en Tunisie et en France. Pendant la vague de liberté qui a suivi la révolution, des groupes ont pris des mosquées en otage pour y propager leurs idées. Après les élections, le Gouvernement a éprouvé le plus grand mal à récupérer ces mosquées. Heureusement, à la différence de ce qu'est la règle en France, les imams, en Tunisie, sont désignés par le ministre des Affaires religieuses ; le Gouvernement a donc une possibilité d'intervention grâce à laquelle nous avons pu neutraliser ces mosquées. La deuxième étape a été le retrait des autorisations administratives accordées à certaines associations qui étaient en réalité des associations daechiennes déguisées, créées pour recruter de futurs djihadistes. Cela s'est fait au terme d'une concertation compliquée avec la société civile, qu'il a été très difficile de convaincre de cette nécessité. Nous avons neutralisé beaucoup de ces associations. Le chemin est long, mais nous sommes en passe de gagner la bataille et sur le plan juridique et dans notre effort de persuasion de la société. Après la révolution, des écoles et même des jardins d'enfants islamiques avaient aussi été créés sans autorisation. On y prêchait la haine ; la ministre de la Femme, de la famille et de l'enfance a pu les fermer.

Il reste le problème de l'Internet, que nous ne pouvons malheureusement contrôler. Le sujet est très sensible mais la coopération avec la France et les États-Unis nous a permis de former des spécialistes et nous essayons d'intercepter des messages et de mener des actions contre les cellules dormantes. Nous en avons démantelé plus de 400 en un an et nous sommes en train de gagner la bataille de la sécurité. Nous avons aussi déjoué quelques tentatives d'attentats. Je le redis, ce qui s'est passé à Ben Guerdane montre que nous sommes sur la bonne voie.

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