Intervention de Général Jean-Daniel Testé

Réunion du 17 mai 2016 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Jean-Daniel Testé :

Nous avons effectivement l'intention de recourir à Ariane 6 et, en tout cas, excluons totalement de faire comme les Allemands, qui vont lancer leur prochaine génération de satellites radar – SARah, les successeurs de SAR-Lupe – avec SpaceX, ce qui ne nous apparaît pas conforme aux orientations européennes en matière de lancement.

Ce qui est particulièrement inquiétant, c'est que SpaceX s'oriente vers une logique de réutilisation, alors qu'Ariane 6 n'en est qu'aux premiers balbutiements de cette capacité. Mon point de vue personnel est qu'Ariane 6 ne sera compétitive que lorsqu'elle aura vraiment progressé sur ce point : à défaut, elle ne parviendra pas à afficher des coûts réduits de 50 % comme le fait actuellement SpaceX.

On ne sait pas si la technologie SpaceX est viable, car l'étage de la fusée qui a réussi à se poser n'est pas encore reparti dans l'espace : il faut attendre que cela se fasse vraiment, et voir combien cela coûte. Cela dit, ce programme a pris beaucoup d'avance, et se livre actuellement une concurrence acharnée avec Blue Origin : Ariane ne doit donc pas prendre trop de retard dans ce domaine. Des solutions existent, et j'ai coutume de dire que là où les Américains utilisent un bélier pour enfoncer une porte, la France l'ouvre avec un passe. Ainsi, Airbus Safran Launchers travaille actuellement sur le concept Adeline, qui consiste à faire revenir sur Terre une partie du premier étage d'Ariane. Ce développement exploratoire a été expérimenté en modèle réduit sur les bases aériennes d'Évreux et de Châteaudun, et nous mettons actuellement la base aérienne de Solenzara à disposition pour tester le modèle grandeur nature. À condition qu'Airbus investisse dans ce projet et le mène à son terme, Ariane 6 devrait pouvoir devenir réutilisable.

Pour ce qui est des télécommunications, nous préférons effectivement éviter que nos drones ne soient pilotés au moyen de ressources commerciales – ce qui est malheureusement le cas actuellement. La problématique n'est pas d'ordre spatial, mais concerne spécifiquement les drones. Quand j'ai pris mes fonctions il y a un an et demi, j'ai été convoqué par le chef d'état-major de l'armée de l'air, qui m'a fermement enjoint de faire en sorte que nos drones puissent utiliser les communications par satellites militaires. Il n'y a pas de problème avec les satellites, qui offrent de la ressource en termes de bande passante militaire – et en offriront de plus en plus avec les satellites de nouvelle génération. En revanche, nos drones sont actuellement dotés d'antennes Ku, correspondant à une bande civile et choisies initialement pour leur petite taille. Aujourd'hui, la majorité des industriels français – nous avons récemment assisté à une démonstration chez Zodiac – font progresser la technologie de la bande Ka, une bande partagée entre les civils et les militaires, et qui sera utilisée sur les futurs satellites de télécommunication. L'objectif est donc de doter nos futurs drones d'antennes en bande Ka, afin de mobiliser la ressource de bande passante au profit des drones à l'horizon 2020.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion